Sport de haut niveau : la face cachée des médailles

Défaite

L’été passé, des sportifs de tous les horizons, de toutes les disciplines nous ont fait rêver à l’occasion des JO de Paris 2024. Nous avons vibré, crié, pleuré grâce à Léon Marchand, Simone Biles, Antoine Dupont et sa team, les basketteurs, surtout les Américains, et tant d’autres. Et pourtant, pour en arriver là, il leur en aura fallu du dévouement, de l’engagement, du temps et surtout beaucoup de sacrifices et d’abnégation.

Qu’en est-il de leur quotidien quand les caméras sont éteintes ? Quel est le véritable niveau de salaire d’un athlète professionnel ? Comment préparer le après et repartir de zéro à un âge où d’autres commencent à atteindre une relative stabilité professionnelle ? On effleure la face pas très glamour du sport de haut niveau. Celle qu’on ne veut pas voir mais qui jalonne le parcours de ces hommes et femmes.

Intégration au monde de l'entreprise

Le 6 Février s’est tenu la soirée de lancement de la charte RecoSport. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? À l’initiative de cette soirée, l’association Trophénix et son Président Yvan Boole qui œuvrent à la reconversion des sportifs. Ils sont environ 3000 chaque année dont une majorité qui n’est pas vraiment préparée à franchir cette étape. En partenariat avec Google, l’association a présenté la charte Recosport qui “vise à promouvoir la création d’emplois dédiés aux sportifs professionnels auprès des acteurs économiques et du gouvernement. Nous visons d’ici 2026 +150 emplois créés.” (source : site internet de l’association). 

Leur objectif, démontrer la transférabilité des compétences des sportifs (leadership, résilience, rigueur…) vers le domaine des entreprises. Claude Omerta ne se gêne d’ailleurs pas dans ses conférences pour transposer la gestion d’une équipe de handball à la gestion par les chefs d’entreprise ou les managers d’une équipe de salariés. On observe le même phénomène actuellement dans le cadre de la reconversion des militaires et des membres des forces de l’ordre : la valorisation de la discipline, de l’engagement et du dépassement de soi au service des sociétés.

Trophénix
Source : trophenix-asso.com

Ça gagne combien un sportif professionnel ?

C’est très variable car le Journal du Net estime le salaire moyen entre 526 € et 14 280 € bruts par mois hors contrats de marque ou sponsors. Et cette disparité est effectivement déconcertante. Lors des Jeux Olympiques d’été à Tokyo et à Rio, 4 000 athlètes vivaient dans la précarité, tandis que 80% d’entre eux gagnaient à peine l’équivalent du RSA. En contraste, Cristiano Ronaldo perçoit un revenu annuel de 260 millions de dollars.

Côté français, on estime le salaire d’Antoine Dupont à 2 millions d’euros par an et 600 000 euros bruts hors contrats et primes. Léon Marchand a lui gagné près de 340 000 euros lors des JO de Paris grâce aux médailles qu’il a remporté. Pour autant, cette réalité est loin d’être la même pour tous. En effet, le salaire moyen des athlètes français serait de 4 290 € et de nombreux athlètes se voient contraints de combiner entraînements et emploi salarié.

Évidemment, vous vous dites que vous aimeriez bien gagner 4 000 € par mois. Sauf qu’une enquête de Libération révèle qu’en fait  » nombre de SHN [sportifs de haut niveau] font plutôt état d’une situation financière « difficile », avec 48 % qui touchent moins de 1 000 euros par mois, et seuls quelque 9 % plus de 3 000 euros. » On y découvre également que les récompenses ne constitueraient que 20% de leurs sources de financement et que pour 50% le coût lié à la pratique du sport s’élèverait à 500 € par mois. Quand on évalue le temps consacré et les sacrifices consentis, ça fait tout de suite moins rêver.

La santé mentale des sportifs de haut niveau

On a beaucoup entendu parler de charge mentale mais très souvent en omettant de s’intéresser aux athlètes professionnels. Pourtant la santé mentale chez les sportifs est un vrai sujet. Certaines données montrent que les femmes sont systématiquement plus susceptibles de déclarer des symptômes dépressifs quand les hommes présentent un risque plus élevé de suicide. Dans certains sports, le nombre de dépressions est plus significatif (en athlétisme par exemple). Les jeunes sportifs sont également concernés comme le montre l’infographie ci-dessous.

Chiffres Fondation Fondamental
Source : Fondation Fondamental

Dans sa vie, 1 personne sur 4 fera une dépression. Les raisons qui conduisent à cette maladie invisible sont multiples et magnifiquement racontées dans « STRoNG, aussi forts que fragiles » (disponible sur Amazon Prime). Ce documentaire retrace les moments les plus difficiles des carrières de 5 athlètes français :

  • Perrine Laffont (ski acrobatique) : championne olympique, six fois championne du monde et détentrice de neuf globes de cristal pour ses victoires dans les classements de la Coupe du monde
  • Valentin Portes (handball) : champion d’Europe, champion du monde, champion olympique et capitaine de l’équipe de France
  • Ysaora Thibus (escrime, fleuret) : médaille d’argent par équipes aux JO, championne du monde
  • Camille Lacourt (natation) : quintuple champion du monde et quintuple champion d’Europe
  • Jérémy Flores (surf) : champion d’Europe junior, champion du monde WQS, 8e du WCT, gagnant du prestigieux Billabong Pipeline Master

À travers des interviews, ils partagent leurs expériences de vie uniques, marquées par la solitude, le sacrifice, le danger, l’invincibilité illusoire et la souffrance constante pour repousser leurs limites dans des univers impitoyables.

Et puis le vide. Ne plus ressentir aucune émotion, ne plus être à sa place, ne plus avoir de raison d’avancer, attendre une éclaircie qui ne semble pas venir. La violence de cette perte de repères, la nécessité de se faire accompagner, le cheminement pour reprendre pied, retrouver le plaisir et répondre à ces questions : « Qui suis-je si je ne suis plus un sportif de haut niveau ? » et « Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? »

Lorsque l’on prend un peu de recul, on se rend compte que, sous l’or des médailles, les sportifs de haut niveau sont bien loin de l’image qu’on leur prête. Ce ne sont ni des superhéros, ni des machines de guerre invulnérables. Juste des êtres humains qui donnent tout à leur passion sans se donner la possibilité de se plaindre ou d’échouer, obligés de se sentir privilégiés d’être là où beaucoup ont échoué.

Pourtant de nombreux obstacles se dressent devant eux, la question de la reconversion, le niveau de revenu, les risques pour la santé mentale d’une pratique intensive mais aussi parfois l’éventualité d’une fin de carrière prématurée à cause d’une blessure. Oui, ils nous font rêver. Mais voudrait-on vraiment être à leur place ? 

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