Sans enfant, et alors?

sans enfant grimaces

Vous avez franchi la barre de la trentaine et vous êtes en couple. La pression sociale commence à se faire sentir. « Alors, quand est-ce que vous nous faites un petit ? » Vous ressentez la désapprobation dans les regards lorsque vous répondez que vous n’en voulez pas, et parfois, vous devez même encaisser des remarques désobligeantes. On pourrait penser qu’aujourd’hui, notre société nous offre réellement le choix d’avoir ou non des enfants. Cependant, bon nombre de femmes éprouvent une tout autre réalité.

Scarlette explore les arguments en faveur du libre choix de ne pas devenir mère. Elle aborde des sujets tels que l’ignorance du parcours de santé individuel, la grande responsabilité que représente un enfant, les considérations écologiques, le fait de déjà travailler avec des enfants, et même le simple fait de ne pas les aimer.

On ne connaît pas le parcours de santé de tout le monde

Certaines voudraient, mais ne le peuvent tout simplement pas. Et cette question sans cesse posée par les collègues de travail, les voisins, le boulanger du coin de la rue… Elles font référence à cette douleur qu’elles préfèrent garder pour elles et ne pas partager avec tout le monde. L’exposition de l’état de nos organes reproducteurs et de notre santé mentale n’est pas nécessaire pour tous, car la tocophobie, la peur de l’accouchement ou de la grossesse, peut affecter un pourcentage significatif de femmes enceintes, allant de 2,5 à 30%, selon « Santé sur le Net ». Cette peur peut également toucher un nombre encore plus important de femmes qui ne sont pas enceintes, bien qu’il n’existe pas d’estimation précise sur ce point.

Poser une question aussi indiscrète que la question de la maternité, c’est prendre le risque de plonger encore et encore des milliers de femmes dans un profond désespoir. Tout cela par curiosité mal placée !

Alors, que répondre à cela ? Que faire quand on se retrouve, encore et encore, dans cette situation sociale délicate ? Et bien c’est sans doute à cause de cet état de souffrance que certaines désirent cacher qu’elles préfèrent dire ne pas vouloir d’enfants. Il est difficile d’ignorer ce véritable harcèlement social, mais malheureusement beaucoup s’y habituent, bon gré mal gré. Mais cet argument du parcours de santé pourrait en faire réfléchir plus d’un…

 

C'est une grande responsabilité

Au même titre que les animaux ne sont pas des peluches, les enfants ne sont pas des poupées. Ainsi, certaines ont conscience très top que même si la conception peut être un premier parcours du combattant pour certaines, et trop facile pour d’autres, le rôle de parent ne s’arrête pas là.

Avoir un enfant, c’est du travail, c’est faire une grande place dans son cœur, mais pas seulement, c’est faire une grande place aussi dans sa vie, et cela pour toujours. Il est probable que le niveau de vie diminue, car l’arrivée d’un enfant entraîne des dépenses financières, et les aides ne suffisent souvent pas, même si elles sont disponibles !

C’est aussi faire face à de nombreuses questions de planning et de logistique, c’est jongler avec son organisation, c’est avoir un appartement plus grand, avec moins de moyens, c’est répondre à des questions délicates à son futur employeur (ces questions étant illégales, et pourtant quasi systématiques).

Certaines ne veulent pas, ou ne se sentent pas, de vivre à mille à l’heure, de renoncer à certaines vacances, certaines sorties, ou au sac Chanel, et ce sont des raisons valables dont personne n’a à remettre en cause la validité.

Faire plaisir aux amis et à la famille, c’est louable, mais qui va se lever la nuit tout en se réveillant tôt le matin ? Qui va acheter la dernière console du moment parce que le père noël fait fabriquer ses jouets par des lutins et ne connaît pas le monde du capitalisme ? Qui va aimer ce petit bout à en perdre la raison et se faire passer en dernier dans les centres d’intérêt, y compris sentimentaux ? Certaines femmes verront leur corps affecté par la grossesse ou l’allaitement, mais toutes ne récupéreront pas rapidement leur taille d’avant, la médecine semblant parfois indifférente à cela.

Tout cela, beaucoup en ont conscience et ne se sentent tout simplement pas, la force, le courage ou l’émotion.

 

Avoir un enfant n'est pas écoresponsable

Avec la crise climatique que nous traversons, de plus en plus de personnes, dont des femmes se définissent comme childfree (cette expression anglo-saxonne est lourde de sens, «libre d’enfant») : 27% de la population selon un article de Madmoizelle. Cela pour des raisons citées au-dessus, mais aussi pour une question d’écologie. Dans un article du 20 minutes, le statisticien Paul Murtaugh et le climatologue Michael Shlax ont calculé que la naissance d’un seul enfant dans un pays à forte émission de gaz à effet de serre comme les États-Unis entraîne une augmentation de 10 000 tonnes de carbone dans l’atmosphère. Cela s’explique par la surconsommation, et la procréation future de ce même enfant dont sont responsables ici les parents. Toujours selon le même article, il y a même deux mouvements ayant fait germer cette idée d’écoresponsabilité dans la procréation: des groupes militants tels que le mouvement BirthStrike et l’organisation caritative Population Matters outre-manche.

Sans aller jusque-là, il y a peu de temps, le confinement et la crise de la COVID ont laissé de grosses séquelles niveau éco-anxiété ! Les guerres sont nombreuses, et ne se résolvent pas, les crises économiques se succèdent… Beaucoup se questionnent avec inquiétude sur l’état de la planète que nous léguerons aux générations futures, et sur la manière dont elles pourront survivre avec moins d’eau et de ressources naturelles.

Parce qu'on travaille déjà avec des enfants

Parce qu’on aime les enfants, très fort… Ceux des autres. On peut être une super nounou, une super auxiliaire de puéricultrice, une institutrice géniale. En bref, on est investi(e) dans son métier et on adore les enfants dont on s’occupe. Ce sont des métiers à vocation, pour lesquels il faut passer et obtenir des diplômes ou au moins des agréments. Certaines ne se sentent pas de « ramener du travail à la maison », ou alors sont déjà tellement passionnées par les enfants qu’elles connaissent déjà qu’elles ne savent pas si elles éprouvent plus d’amour à donner.

Il y a malheureusement les quelques cas d’enfants (de parents surtout) qui nous font passer l’envie d’en avoir. Ces métiers deviennent de plus en plus difficiles à exercer pour cette raison.

Parce qu'on n'aime pas les enfants

Il va de soi que l’on peut ne pas apprécier les enfants en général sans leur vouloir de mal, car on ne peut pas converser avec eux, ils crient, pleurent, rient, bref, font du bruit, et on apprécie le calme. Ou encore, on n’aime pas s’occuper d’eux, l’idée de changer des couches sales ou de nettoyer de la morve sur un visage plein de chocolat nous hérisse le poil. Bref, nous ne sommes pas toutes faites pour cela.

Une enfance difficile peut parfois (pas toujours) expliquer cette aversion pour l’enfant. On n’aime pas l’enfant en soi, car l’enfant qu’on a été n’a pas été suffisamment bien traité, et on ne supporte pas de voir qu’un autre peut oser «faire des caprices» puisqu’on était un enfant sage et pourtant mal aimé. La relation avec ces enfants peut rappeler ces souffrances passées et paraître insupportable, alors on fait un transfert sur les enfants de la voisine qui courent joyeusement partout.

sans enfant petite fille peinture
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Rien que ces cinq raisons devraient réussir à clouer le bec de Madame Bidochon qui s’émeut de ne pas voir courir un bambin en couche culotte, ou de voir un petit bout de choux accroché à vous. Et puis, finalement, il n’y a pas vraiment besoin de se justifier, c’est le libre choix de chacune d’avoir des enfants ou non, cela touche à notre libre arbitre.

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