Pourquoi Strava ça nous saoule ?

Runeuse IA

Strava c’est l’application à la mode pour suivre ses performances sportives. Créé en 2009, par deux anciens de Harvard qui se sont rencontrés au club d’aviron, le nom est un mot suédois qui signifie « se motiver à faire quelque chose sans relâche » (oui, on parle suédois à nos heures perdues). Si l’article s’arrêtait là, le titre n’aurait pas lieu d’être. Mais, et c’est là que le bât blesse, l’application permet surtout aux quelque 135 millions d’utilisateurs de 190 pays de partager leurs prouesses sur les réseaux sociaux.

Strava met en évidence un besoin de reconnaissance qui pousse les gens à se mesurer sans cesse aux autres au point de payer d’autres personnes pour faire du sport à leur place ou pire de menacer leur job et la sécurité nationale. Question : déteste-t-on Strava ou juste ses utilisateurs ?

Le b.a.-ba de Strava

Strava est une application qui peut être utilisée sur Apple, Android ou Fit Bit. Vous devez la télécharger et créer votre profil. À noter, conçue initialement pour les cyclistes et coureurs, elle s’étend désormais au ski nordique, à la randonnée et à la natation. Strava est en mesure de donner le kilométrage, le dénivelé et même la puissance cardiaque ou la cadence. Il y a un flux, on peut être suivi et on reçoit même des badges quand on est une personnalité publique ou qu’on possède une communauté importante, ça ne vous fait pas penser à quelque chose ?

Si on prend la définition de Wikipédia, on trouve que c’est : « un réseau social pour enregistrer des activités sportives via GPS ”. Intéressant ! On y reviendra un peu loin dans l’article.

Vous pouvez aussi participer à des challenges et plugger Strava avec d’autres applications. Lorsque vous faites un parcours, vous créez un segment sur lequel d’autres sportifs pourront se comparer à vous et le meilleur ou la meilleure devient King ou Queen of Mountain (KOM ou QOM). Il y a une version gratuite avec l’essentiel des fonctionnalités et une version payante qui donne accès à une analyse de vos données.

La compétition fait rage sur les réseaux sociaux

De nos jours, on prône le bien-être sous toutes ses formes et surtout l’apparence physique qui en découle. Pour cela, il faut aller à la salle ou courir dès que l’occasion se présente mais surtout se mettre en scène et partager ces moments qui pourraient tout à fait rester dans le cadre de l’intime (pour soi-même, en famille, entre amis). Eh bien non !

Car si on ne le poste pas, comment prouver aux autres qu’on l’a fait ? Parce que le problème est là. C’est la validation des autres qui comptent, pas la fierté toute personnelle de ce que l’on a accompli. D’ailleurs, il se dit dans la communauté des utilisateurs “si ce n’est pas sur Strava, ce n’est pas arrivé”. Hugo Décrypte a même publié il y a quelques jours, un post qui explique que certains utilisateurs payent ce qu’on appelle des “Strava jockeys” pour accomplir leurs sorties à leur place. En Angleterre, le tarif au kilomètre est de 30 € à pied et 12 € en vélo.

Quel est l’objectif ? Prouver quelque chose au monde, culpabiliser ceux qui ne font rien, n’ont pas Strava ou ne publie pas leur routine sportive ?

Strava 1
Source : Le Monde.fr

Un danger pour la sécurité nationale ?

Le titre, digne d’une série d’action américaine, cache pourtant un scandale dont l’Etat français se serait bien passé, le « StravaLeaks« , nom donné par les journalistes du Monde qui ont mené l’enquête. Sur Strava, il est possible de ne pas partager son itinéraire en désactivant le GPS ou de masquer les points de départ et d’arrivée.

Pour autant, entre 2016 et 2024, une douzaine de membres de la sécurité du Président de la République (GSPR) auraient utilisé l’application pour leur routine sportive. En retrouvant leurs profils, les journalistes ont pu retracer une centaine de déplacements (et les hôtels correspondants) de François Hollande et d’Emmanuel Macron en France et à l’étranger. Bien que ses informations soient sensibles, l’Elysée a fait savoir que connaitre l’emplacement du Président ne suffit pas à l’atteindre car son lieu de résidence est totalement sécurisé et que « le risque est donc totalement inexistant« . 

Toujours à l’étranger, une base française avait pu être identifiée au nord du Niger. Des faits similaires se sont produits au Mali. De plus, des membres de sous-marins nucléaires français ont fait fuité des positions secrètes

Bien que Strava et autres applications similaires soient initialement conçues pour se motiver à faire du sport et suivre l’amélioration de ses performances, on peut aujourd’hui s’interroger sur leur pertinence. Entre obligation d’enregistrer ses entrainements pour qu’ils aient une existence, diktat des réseaux sociaux pour prouver sa valeur sportive, sous-traitance de segments et localisations GPS mettant en danger la sécurité nationale, quelle est la vraie plue-value de ce type d’applications ? Permet-elle de faire de l’activité pour soi et pas seulement pour être validé par les autres ? Car avoir une large communauté autour de soi, c’est un vrai plus mais seulement si elle vous pousse à devenir votre meilleure version ! A méditer.

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