Imaginez un monde où la féminité est une explosion de strass, de perruques gigantesques, et de talons aussi vertigineux que les idéaux qu’ils portent. Bienvenue dans l’univers des Drag queens ! Plus qu’un art de la scène, le Drag est un pied-de-nez scintillant aux normes patriarcales et un hymne vibrant à la puissance féminine. Quand paillettes et féminisme s’unissent pour casser les codes, de Drag Race à la scène Queer Auvergnate, Scarlette adore et explore, forcément.
Dès les premières notes d’un show de Drag, le ton est donné : tout est hyper. Hyper-maquillage, hyper-féminité, hyper-assumé, tout est amplifié pour transformer la scène en un espace de célébration totale. Cette exagération n’est pas une moquerie mais un hommage sincère. Comme l’explique Paloma, gagnante Clermontoise (cocorico) de la première saison de Drag Race France :
« Ce que nous faisons, c’est une déclaration d’amour à la féminité. Nous ne caricaturons pas ; nous vénérons».
Un héritage flamboyant et engagé
Saviez-vous que les origines du Drag remontent à la fin du XIXe siècle ? Oui, avant même que Madonna ne hurle « Vogue! » , William Dorsey Swann, un Afro-Américain né esclave, organisait déjà des bals queer à Washington DC, défiant les lois et les préjugés de son époque. Premier à s’auto-proclamer « queen of drag », il a ouvert la voie à un mouvement où l’art et la résistance ne font qu’un.
Depuis, l’histoire du Drag s’est enrichie de personnages iconiques, comme RuPaul, qui, dès les années 1980, a transformé cet art en une plateforme mondiale avec RuPaul’s Drag Race. En France, l’émission est un carton depuis son lancement en 2022, et le public en redemande : la saison 4 est déjà annoncée pour 2025. Drag Race, c’est le Super Bowl de la paillette, le rendez-vous où la féminité se réinvente à chaque lip-sync.
Féminisme en talons hauts
Le Drag n’est pas qu’un spectacle extravagant ; c’est aussi un miroir tendu à nos sociétés. Ces artistes, souvent des hommes, réinventent la féminité pour mieux en souligner la richesse et les contradictions. En exagérant les stéréotypes (bonjour les faux cils XXL !), ils montrent combien la « féminité » est un rôle social, un costume que chacun peut choisir de porter, ou pas.
Et là où la société dévalorise des traits dits « féminins » — la douceur, la sensibilité, ou même l’amour des couleurs vives —, les Drag Queens les magnifient. Elles crient haut et fort : être féminin n’a rien de faible, c’est une force de personnes belles et puissantes.
Une ode à la sororité et à la diversité
Dans l’univers du Drag, tout est question de famille. Entre Drag Queens, on s’appelle «mes sœurs» et on cultive des valeurs de solidarité et de soutien. Cet esprit communautaire est un véritable pilier pour celles et ceux qui ont souvent été marginalisés ou harcelés. Il ne s’agit pas simplement de partager des conseils de maquillage ou des astuces pour bien fixer une perruque : c’est une alliance contre les discriminations, une revendication de pouvoir collectif.
Judith Butler, pionnière des études de genre, a montré que les identités ne sont jamais fixes, mais fluides. Les Drag Queens incarnent cette fluidité tout en créant des espaces où chacun et chacune peuvent être soi-même, loin des jugements extérieurs. Dans ces communautés, ou houses, la sororité devient un outil de résistance, une arme contre les oppressions patriarcales.
Drag et féminisme : même combat ?
Le féminisme et l’art du Drag partagent un même objectif : l’égalité. Loin des clichés d’opposition, les deux mouvements se rejoignent dans leur volonté de libérer les individus des attentes de genre. Le Drag, par sa nature provocatrice et inclusive, ouvre un dialogue nécessaire sur la place de la féminité dans nos sociétés.
En somme, que vous soyez fan des talons de 15 cm ou non, il y a une leçon à tirer du Drag : la féminité n’a pas besoin d’être « justifiée ». Elle se vit, se célèbre et s’impose, qu’elle soit exagérée, discrète, ou complètement réinventée.
De Paloma à la révolution queer
Hugo Bardin, alias Paloma, premier gagnant de Drag Race France, incarne cette révolution médiatique. En mettant en lumière la scène queer de Clermont-Ferrand, il prouve que l’art du Drag dépasse les grandes villes pour toucher chaque recoin de la société. Chaque performance est un acte politique, une célébration de la liberté d’être soi-même, et un doigt d’honneur au patriarcat. « La scène queer clermontoise n’est pas nouvelle, elle a une quinzaine d’années ici, même si Paloma a éclairé le poste, en live, on divertit et la famille Morningstar en est la safe place de choix », explique la House Morningstar, ce collectif clermontois qui se produit au fotomat ou encore la maison de l’Oradou.
Talons aiguilles et paillettes en Auvergne Rhône-Alpes ?
Et si vous combiniez paillettes, glamour et empowerment cet hiver ? La rédac vous a concocté une petite sélection des rendez-vous à ne pas manquer pour plonger dans l’univers scintillant du Drag et vibrer au rythme de performances hautes en couleur.
- À Lyon, le 11 décembre à 20h au Lavoir Public, le Cake Show est un événement drag show où personne n’a peur de mettre la main à la pâte, même si ça risque de finir dans la génoise. Le 15 décembre, rendez-vous avec le Bingo de Judas_morningstar, une soirée déjantée où humour et talents Drag se mêlent dans un cocktail explosif. Les places sont disponibles sur HelloAsso
- Direction Clermont-Ferrand, épicentre de l’extravagance où Lilith, Judas, Otopsie, Solaria, Amanitae et Dolline, de la Morning Star feront le show pour une soirée caritative vendredi 13 décembre à 20h au Fotomat, 65 bd Côte Blatin. Entrée 5€.
Toujours à Clermont-Ferrand, le 23 janvier, préparez-vous à une soirée mémorable à la Maison de la Culture avec le mythique cabaret Madame Arthur. Sur scène, une rencontre explosive entre la folie des artistes et la légende du disco, Dalida. Préparez vos mouchoirs pour Gigi l’Amoroso… mais uniquement de rire ! - À Vichy, « Les Ballets Trockadero de Monte Carlo • 50 ans de drag en tutus », samedi 22 mars à l’Opéra de Vichy.
Et pour les fans absolus, un petit détour à Paris s’impose : jusqu’au 14 décembre, les reines de la saison 3 de Drag Race France sont aux Folies Bergère pour un show renversant. Et pour parfaire le tableau, une série à ne pas manquer pour goûter au Bal Room : Pose sortie en 2018 et visible sur Disney+.
Alors, que vous soyez novice ou déjà Drag addict, l’Auvergne vous attend de pied ferme… et en talons aiguilles, évidemment !
« Le Drag, c’est un journal intime, clairement, il faut juste le laisser s’exprimer et faire ressortir ce qu’on veut laisser voir de nous »
Anita Laquenta