Les omissions délibérées et les petits mensonges occasionnels, on connaît toutes ça. Une petite entorse à la vérité pour éviter un conflit ou pour ne pas blesser quelqu’un, c’est presque entré dans la « normalité ». Mais à quel moment ces petites histoires inoffensives se transforment-elles en quelque chose de plus sombre ?
Quand les mensonges deviennent une habitude, qu’ils déforment systématiquement la réalité et finissent par affecter nos relations, cela peut devenir un véritable problème. Alors, peut-on vraiment devenir accro aux mensonges ? Et surtout, comment reconnaître les signes avant qu’il ne soit trop tard ?
Le menteur compulsif
Quand le mensonge devient « compulsion », le menteur ment par habitude. Pour le menteur compulsif, la vérité crée un inconfort. Mentir est ce qui lui semble juste. Le mensonge devient fréquent et s’installe comme une routine. Il finit par affecter, voire détruire, les relations et la confiance qui sont à la base de toute interaction saine.
Assez facile à repérer : Le menteur compulsif connaît parfaitement la différence entre vérité et mensonge. Confronté aux faits, il reconnaît avoir menti.
Le menteur pathologique
A l’inverse, le menteur pathologique est souvent manipulateur. Son mensonge a un but précis et il en tire avantage. Il a de grosses difficultés à exprimer de l’empathie, de la considération pour les ressentis, les émotions des autres. Manipulateur, inventif, il crée des histoires auxquelles il peut finir par croire lui-même.
Difficile à repérer : Il s’avère difficile de distinguer le vrai du faux dans ses propos. Menteur pathologique ou non, il fait preuve d’assurance quand il ment. Les éléments de base de la communication non verbale ne sont pas aidants puisque, contrairement aux croyances populaires, il ne détourne pas le regard. Enfin, il manipule les situations jusqu’à détourner la faute sur l’autre, montrant que c’est l’autre qui ment et pouvant devenir agressif. Chez le menteur pathologique, un trouble psychiatrique est souvent associé comme un trouble de la personnalité narcissique ou antisociale.
Les motivations du mensonge
Qu’est-ce qui le pousse au mensonge ? Selon Christian L. Hart, professeur de psychologie à la Texas Woman’s University, c’est souvent « un besoin désespéré de validation ». Se plaçant en héros ou en victime, le menteur pathologique cherche l’attention, la sympathie, et l’admiration. Ces menteurs pathologiques rechercheraient, comme nous tous, le contact, l’amour et la valorisation, mais par des moyens malhonnêtes.
La mythomanie, une addiction...
Il existe des similitudes avec l’addiction : comme une dépendance, le menteur pathologique ment instinctivement, sans réflexion préalable… En effet, le menteur ne parvient plus à dire la vérité, ne contrôle plus ses paroles. Mentir (consommer) devient un mécanisme de secours contre l’inconfort, pour lutter contre des sentiments déplaisants, se soustraire d’une situation inconfortable. Puis le mensonge devient une nécessité, car le menteur va considérer que la vérité est un obstacle au but recherché.
Cette solution lui permet de maintenir un équilibre émotionnel temporaire mais artificiel. La solution devient un problème dont le menteur devient aussi victime. Il ne va plus être en mesure de distinguer le vrai du faux, souvenirs réels et mensonges occupant la même zone dans le cerveau. Le menteur a recours au mensonge comme une tentative vouée à l’échec d’être l’auteur de son existence, utilisant les autres pour incarner ses désirs et les reconnaître comme réels dans le monde extérieur.
La mythomanie peut avoir plusieurs fonctions :
- Fonction de construction de soi : le mensonge étant nécessaire physiologiquement à la construction de soi et de son identité.
- Fonction de protection face à l’abandon : chez certains menteurs pathologiques, l’angoisse de se perdre dans l’autre ou de perdre l’autre est extrême. Ainsi, l’action, le mensonge est tout aussi addictif que la relation à l’autre.
- Fonction de manipulation émotionnelle : dans cette situation, le menteur pathologique exerce une emprise sur le dépositaire du mensonge tout en se détachant lui-même de ce sentiment d’emprise.
- Fonction de réparation psychologique du mythomane : comme des tentatives inlassables tout au long de sa vie de corriger une confiance qui a manqué dans l’enfance ou dont il a hérité.
La vérité, aussi difficile soit-elle à dire ou à entendre, est le chemin vers une vie plus épanouie et des relations plus saines. Si vous ou quelqu’un de votre entourage se sent en difficulté, il est important de faire appel à un professionnel de santé. Il n’est jamais trop tard pour briser le cycle du mensonge et retrouver le chemin de l’honnêteté.