Marcher, courir, poser, jouer, se faire dépister, voici Octobre rose, immense élan de sororité qui nous emmène chez le radiologue, en choeur. Parce que notre guerre à nous les femmes, c’est ce foutu cancer du sein qui touchera une d’entre nous sur 8. Mais pourquoi se faire dépister nous fait aussi peur?
Le mois d’octobre doit être le mois le plus détesté de l’année. Le froid qui s’installe, la nuit qui grappille, le bronzage qui s’est fait la malle, les vacances qui sont trop loin, bref, on n’aime pas. Du tout. C’est aussi le mois qui nous rappelle que nous les femmes avons un petit cancer bien relou qui pourrait se déclencher n’importe quand. C’est là qu’Octobre rose entre en scène et ravive tous nos espoirs.
Octobre rose à la rescousse
Depuis quelques années, le mois d’octobre est aussi synonyme d’espoir. L’espoir de faire du cancer du sein un lointain souvenir d’angoisse et de fatalité. Oui, aujourd’hui, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent en France et représente la première cause de décès par cancer chez la femme. Oui, le dépistage n’est pas encore automatique pour toutes, et la recherche n’avance pas assez vite. Mais oui, les initiatives se multiplient pour faire bouger les choses, pour donner de l’argent aux chercheurs et pour sensibiliser la population au dépistage.
Pourquoi le dépistage nous fait-il peur ?
Le dépistage du cancer du sein est là pour sauver nos vies, on le sait que trop, et pourtant certaines personnes refusent de se faire dépister ou ignorent les invitations. 57 % des femmes ne se rendent pas à la mammographie de dépistage organisé du cancer du sein (entre 50 et 74 ans). Pourquoi ?
Toi l'inconnu qui passait sans me voir
Deux grands mécanismes psychologiques sont à l’origine de la peur du dépistage. Le premier est dit «rationnel». Il s’agit de la peur de l’inconnu : comment va se dérouler cet examen ? Est-ce douloureux ? Que vais-je devoir faire ? Alors on va pas se mentir, la mammographie c’est désagréable. Mais en informant davantage les personnes sur le déroulé de l’examen, en répondant à leurs questions et en les rassurant, ce frein peut être levé. «Si, malgré des informations claires et détaillées, l’angoisse persiste, il y a certainement une origine psychique à trouver». Pour ma part j’avais l’impression qu’on m’écrasait les seins pour mieux en faire sortir des choses pas nettes. Je fais partie de ces gens à l’imagination débordante. Je pensais qu’une petite boule, bien gonflée, pourrait éclater sous la pression, tel un point noir sous mes ongles, pour répandre de petites cellules bien crasseuses dans tout mon corps… à l’écoute de ce scénario catastrophe, ma radiologue a bien ri. «Ça ne se passe pas comme ça, je vous rassure».
Je contrôle donc je suis
Le deuxième mécanisme de la peur du dépistage est psychique. «Pendant un examen, nous perdons en partie le contrôle de ce qu’il nous arrive. Nous cédons le contrôle de notre santé à un soignant, cela déstabilise». La relation de confiance avec le corps médical est alors primordiale. Or, cette dernière a pu être brisée par le passé suite à un événement traumatique : annonce brutale, acte douloureux. «Le corps garde en mémoire la douleur. Face à un nouvel examen médical, y compris un dépistage, c’est le corps qui parle, qui refuse». Pour reparler de moi, c’était une une dermatologue indélicate qui en éclatant un adénome dans mon dos a provoqué une infection. C’était son boulot de prévenir de ça et bim elle le provoque ? Voilà, tout s’explique.
La peur n'évite pas le danger
Comme disait ma grand-mère, la peur n’évite pas le danger. Alors elle avait sans doute raison mais la politique de l’autruche évite d’avoir mal, non ? « Non, ma chérie, c’est le meilleur moyen d’avoir un retour de bâton bien lourd ». Attendre que la réalité crie plus fort, trop tard. Alors que quelques petites pichenettes après 50 ans, c’est pas le bout du monde.
Voilà, le dépistage c’est comme une pichenette, gardez cette analogie en tête pour vivre votre prochaine mammographie avec le sourire.