“Lundi oui, mardi non” : je l’aime un jour sur deux

Un jour, vous rêvez mariage et maison en bord de mer. Le lendemain, vous fantasmez sur une vie en solo, libre comme l’air, loin des compromis et des disputes pour savoir qui descend la poubelle. Et si l’amour n’était pas une ligne droite mais une sinusoïde aux mille nuances ? Loin des contes de fées et des comédies romantiques où le « et ils vécurent heureux » semble gravé dans le marbre, la réalité amoureuse est souvent plus contrastée.

Faut-il s’inquiéter de ces fluctuations, ou au contraire les voir comme une preuve de maturité et d’évolution ?

Le doute amoureux, un tabou moderne ?

Nous vivons à une époque où l’amour se doit d’être absolu, entier, sans accroc. De « Love Actually » à « Quand Harry rencontre Sally », la pop culture nous vend l’idée que le grand amour triomphe toujours. Mais qu’en est-il de ces jours où l’on se sent plus tiède qu’enflammé ? Sommes-nous devenus des consommateurs d’amour, prêts à zapper dès que l’enthousiasme retombe ?

La romancière Françoise Sagan disait : « L’amour, c’est ce merveilleux début d’une histoire que l’on ne peut jamais raconter sans pleurer. » Ce merveilleux début, souvent idéalisé, est aussi une période où l’on se découvre, où l’autre nous fascine et nous intrigue. Mais vient ensuite le temps de la réalité, des habitudes, et parfois de l’ennui. Est-ce alors une preuve que l’amour s’étiole ou une simple mue nécessaire pour passer à une forme plus profonde de relation ?

En psychanalyse, Sigmund Freud lui-même évoquait l’ambivalence des sentiments : aimer, c’est aussi haïr un peu. Dans « Les Liaisons dangereuses », la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont illustrent brillamment cette valse des sentiments où désir et rejet s’entrelacent. Plus proche de nous, la philosophe Simone de Beauvoir voyait dans l’amour une construction, et non un état figé : « Aimer ne va pas de soi ; il faut s’en donner la peine ». L’idée même d’un amour linéaire et inaltérable semble être une illusion romantique, alors qu’en réalité, aimer, c’est aussi être traversé par des périodes de doute et d’indécision.

Le paradoxe de l'amour morderne

Dans un monde d’instantanéité, l’amour subit lui aussi la pression de l’immédiateté. Dès qu’un doute surgit, on se demande s’il est légitime ou s’il signe la fin d’une histoire. « Et si j’avais mieux ailleurs ? », « Pourquoi je ne ressens plus les papillons du début ? ». Ces questionnements sont normaux, mais faut-il pour autant en tirer des conclusions hâtives ?

La sociologue Eva Illouz, dans son ouvrage « Les sentiments du capitalisme », analyse comment l’amour est devenu un objet de consommation comme un autre : on cherche le partenaire parfait comme on choisirait le meilleur smartphone, oubliant que l’amour n’est pas un produit fini mais un processus en perpétuelle évolution. Dans « Une vie à soi », la psychanalyste Marie-France Hirigoyen rappelle que l’amour durable repose sur l’alternance entre fusion et individualité. On ne peut pas être follement amoureux 365 jours par an. L’important est d’accepter cette dynamique sans paniquer à la moindre oscillation.

D’ailleurs, le philosophe Alain de Botton, dans « Petite philosophie de l’amour », souligne que le véritable amour ne se mesure pas à l’intensité de la passion, mais à la capacité à traverser ensemble les moments de doute. Si l’on attend de l’amour qu’il soit une drogue euphorisante permanente, on est condamné à être déçu.

Surmonter les creux de l’amour (sans jeter l'autre avec l’eau du bain)

L’amour, ce n’est pas que regards langoureux et petits-déjeuners au lit. Parfois, c’est aussi bouderie silencieuse et chaussettes sales oubliées juste là. Mais rassurez-vous : les hauts, les bas et même les grands vides intersidéraux, c’est normal. Voici quelques astuces (et une pincée d’autodérision) pour traverser ces zones de turbulence amoureuse sans appuyer trop vite sur le bouton éjection.

  • Apprendre à naviguer dans l’ambivalence (sans GPS)

Un jour, vous regardez l’autre comme s’il venait de sortir d’un film romantique… le lendemain, vous vous demandez sérieusement si vous n’auriez pas été ensorcelé(e). Spoiler : c’est humain. L’ambivalence n’est pas un bug, c’est une fonctionnalité.

  • Accepter que le doute fasse partie du jeu

Aimer, c’est beau, mais c’est aussi flippant. Vous avez signé pour les papillons, pas pour l‘introspection existentielle ? Tant pis, c’est un package. Le doute est souvent juste là pour vous rappeler que vous êtes humain(e), pas une IA programmée pour l’amour parfait.

  • Arrêter d’idéaliser l’amour

Les contes de fées, c’est sympa, mais personne ne vous a montré Blanche-Neige quand elle pique une crise parce que le Prince laisse traîner ses bottes. La vraie vie, c’est du vécu, du vécu et encore du vécu.

  • Se recentrer sur ce qui nous lie

Avant de lancer un “on doit parler dramatique, posez-vous une question simple : qu’est-ce qui nous a fait craquer l’un pour l’autre ? Peut-être que c’était son rire bizarre ou sa passion pour les documentaires animaliers. Faites une pause, respirez et ressortez les souvenirs en stock.

  • Dialoguer avec soi-même (et non avec ses démons intérieurs)

Un doute, c’est un peu comme un texto envoyé à 3h du matin : ça peut être important, ou juste une mauvaise digestion. Avant de tirer des conclusions, faîtes le tri : crise passagère ou vrai signal d’alarme ?

  • Laisser le temps faire son œuvre

Tout ne se règle pas en 3 stories Instagram. Parfois, il faut juste laisser passer l’orage, arrêter de vouloir résoudre tout tout de suite, et se rappeler que même les meilleures séries ont des épisodes moyens.

L’amour un jour sur deux, c’est peut-être juste l’amour tout court : imparfait, humain, vivant. Comme le disait si bien Roland Barthes dans « Fragments d’un discours amoureux » : « L’attente amoureuse est un va-et-vient ». Alors, lundi oui, mardi non ? Et si c’était simplement la preuve que votre amour est en mouvement ?

Et pour finir, une petite touche d’humour.
À découvrir pour les uns, à redécouvrir pour les autres… Les Inconnus, ce sont encore eux qui parodient le mieux l’ambivalence et la versatilité de l’amour dans un sketch culte« Ta fidélité porte le sceau de ton égoïsme. Parce que moi, ce que je veux, c’est je veux bien que tu m’aimes mais sans amour. Je veux bien vivre avec toi mais séparément ! Je veux bien avoir un enfant qui te ressemble, mais pas de toi ! Mais ça, peux-tu seulement le comprendre ?! »

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