L’esprit du vin distille parfois les traits de caractère de celui ou de celle qui l’élabore. Les vins d’Annie Sauvat évoquent dignement son tempérament. Une femme naturelle et élégante, pragmatique et sensible, humble et solaire, dont les valeurs d’honnêteté, de simplicité, de liberté et de raffinement inspirent l’identité de ses vins.
Situé à Boudes, à 50 km au sud de Clermont-Ferrand, dans le vignoble des Côtes d’Auvergne, cette viticultrice indépendante bichonne depuis 32 ans dix hectares de vignes exposés plein sud sur un coteau à forte pente où s’épanouit un terroir argilo-calcaire sous un couronnement basaltique.
Des principes rigoureux et un sacerdoce
Les vignes sont enherbées depuis une vingtaine d’années. Annie Sauvat travaille avec du souffre fleur ou liquide, utilise du cuivre et élabore son propre compost pour amener de l’engrais organique. Bourreau de travail, un salarié occasionnel lui donne un coup de main régulièrement mais ses journées de douze heures, sept jours sur sept, entre taille, piochage, embouteillage et communication ne lui ménagent que peu de temps pour sa famille ou sa passion pour l’art contemporain. Annie utilise même ses talents artistiques pour dessiner ses étiquettes de bouteilles ! La vie de viticultrice n’est pas un long fleuve tranquille. Sans compter sur la sécheresse de l’année 2019 qui a décimé 70 % de sa production.
Son credo : l’expression du terroir
De nombreuses techniques contemporaines viticoles visant à complexifier les arômes du vin éclipsent le goût du raisin. Là où le commerce fleurit, la cohérence se dissout. Annie Sauvat n’aime pas les vins de planche : « ces vins Parkerisés étaient à la mode dans les années 2000, des vins sentant plus le bois que le goût du fruit, des vins uniformisés, oublieux du terroir » fulmine-t-elle. La viticultrice recherche la finesse des arômes, l’élevage en barrique doit se sentir dans la subtilité. Le bois des tonneaux diffère selon les cépages utilisés et elle chauffe ces derniers selon les nuances aromatiques qu’elle veut y apporter.
Annie ne mâche pas ses mots concernant l’utilisation de levures artificielles : « Aujourd’hui, les gens recherchent l’exacerbation des arômes. Certains viticulteurs ajoutent des levures exogènes alors qu’elles sont présentes naturellement sur le grain de raisin. Cet apport est autorisé dans les AOC même en bio, et permet de retrouver dans certains blancs des arômes d’agrumes extrêmement marqués, ou dans des Gamay un côté « bonbon anglais ». Mais la levure artificielle fait disparaitre les aromes originels du vin, son terroir. La dégustation est certes flatteuse, mais c’est purement commercial ! » confie-t-elle.
SCARLETTE a sélectionné pour vous :
Demoiselle 2018 (Médaille d’argent concours Vins de Loire 2019) : un joli nez délicat avec des arômes de petits fruits rouges de framboise, cassis. Une finalité des notes épicées et de poivrées.Une bouche fruitée avec une structure souple, délicate, gouleyante et des tanins fins et ronds.
Météor 2018 (Médaillé 2019 Concours agricole) : un vin de copain : un gamay de terroir aux arômes de poivre et d’épices autour d’une bouche soyeuse et voluptueuse. Un vin jeune, humble et gourmand, un bois-moi, l’expression de la convivialité entre copains.
Nymphéa 2018 : un coup de cœur ! Un Pinot élevé 14 mois en barrique. Un millésime solaire, mais peu tannique. Un vin élégant aux notes subtiles de sous-bois. Nez dans la finesse avec des notes de petits fruits rouges, de cerises kirshées. En bouche, une matière soyeuse de la fraîcheur et des notes de pruneaux confiturés, de raisins secs avec une petite pointe de réglisse au final. Belle longueur en bouche.
Cuvée Sirius 2018 (Liquoreux) : un Gamay liquoreux, voilà de l’originalité ! Annie élabore ce vin de France sans appellation en surmaturant ces raisins sur paille pendant 4 à 6 mois. La déshydratation du Gamay force la concentration en sucre. Une gourmandise fruitée !
Anthéus 2018 (Chardonnay) Un blanc multi primé ! Élevé en barriques sur lie fines, le nez frais et fruité révèle des notes de fruits grillés. Des arômes de fruits confiturés et une finalité persistante, complexe et riche avec des réminiscences de notes vanillées. Déjà introuvable !
Merci Scarlette Magazine et Delphine pour m’avoir fait goûter ce vin local mais qui n’a rien à envier aux grands crus.
Encore une fois Scarlette déniche de petit trésors locaux.
Merci Véronique, ravie que cette découverte vous plaise !