« L’amour c’est comme une cigarette, ça flambe comme une allumette, ça pique les yeux, ça fait pleurer et ça s’envole en fumée » chantait Sylvie Vartan en 1978. Mais est-ce que l’amour est réellement une clope émotionnelle qu’on allume compulsivement, qui nous consume doucement et qu’on finit par écraser sur le trottoir de la vie ? Spoiler alert : un peu, oui.
Décryptage d’une relation toxique… avec l’amour.
Le crush : la première bouffée fatale
Si on en croit les neuroscientifiques (et nos propres expériences), tomber amoureux active dans le cerveau le même circuit que celui de la dépendance aux drogues. Dopamine, ocytocine, adrénaline : le cocktail chimique est aussi explosif qu’un feu d’artifice au 14 juillet.
Nous sommes tous passés par là : on se comprend sans se parler, on aime les mêmes choses, on finit les phrases de l’autre, on s’envoie des sms toute la journée, on s’aime, on s’aime, c’est fou ce qu’on s’aime – d’ailleurs, c’est la première fois que j’aime quelqu’un autant !
L’amour, comme la première cigarette, commence souvent par un mélange d’excitation et de naïveté. « Juste une petite taf, ça va rien me faire… » Et puis, bam. Trois semaines plus tard, vous vous retrouvez à stalker son Insta à 3h du mat’ de manière compulsive…
La relation : la dépendance s’installe
Tout fumeur vous le dira : au début, on se croit maître de la situation. « Je gère, je fume juste en soirée », dit-on en exhalant une bouffée pleine d’illusions. Dans l’amour, c’est pareil : « Je l’aime, mais je suis indépendante hein. »
Platon, dans Le Banquet, décrit l’amour comme une quête de la moitié perdue (la fameuse théorie de l’androgyne). » Chacun cherche sa moitié ». Sauf qu’en vrai, vouloir fusionner à tout prix avec quelqu’un, c’est un peu comme fumer clope sur clope : au bout d’un moment, ça monte à la tête et ça étouffe.
Des études en psychologie cognitive montrent d’ailleurs que l’amour romantique active le même réseau cérébral que la toxicomanie. Quand on est amoureux, le cortex préfrontal – responsable du jugement et du contrôle des impulsions – est temporairement mis en pause, d’où notre propension à faire des choix irrationnels (comme envoyer un dernier message à son ex… Juste comme ça, « pour voir »). Au début de la passion, on est comme transcendé par le sentiment amoureux. La science l’a prouvé : tomber amoureux bouleverse la chimie de notre cerveau de la même manière… Qu’une drogue dure.
Et comme pour la cigarette, on en arrive à ces moments où on se dit « J’en ai trop pris, faut que j’arrête. » Mais… Plus facile à dire qu’à faire.
La rupture : le sevrage brutal
Arrive parfois le moment (pas toujours, hein !) où il ou elle part, où la relation s’effrite, et là, c’est comme un arrêt du jour au lendemain : syndrome de manque total, mal au ventre, capacité de concentration proche du néant, plus d’ocytocine, plus de message du matin, plus d’habitude amoureuse. Le drame.
On devient une version 2.0 de Holly Golightly dans Breakfast at Tiffany’s, errant dans les rues, une clope imaginaire à la main, se demandant comment on va survivre sans notre dose quotidienne de textos mignons.
Des chercheurs en psychologie ont démontré que le chagrin d’amour active les mêmes zones du cerveau que la douleur physique. Ce n’est pas juste une métaphore : notre cœur se brise réellement au niveau neurologique. On appelle ça “le syndrome des cœurs brisés” ou encore “syndrome de Takotsubo”. Dans les faits, cela s’apparente à un infarctus du myocarde (une crise cardiaque).
Les scientifiques disent que se remettre d’un amour perdu peut prendre entre 6 mois et 2 ans, selon l’intensité du lien. En gros, c’est comme passer de fumeuse invétérée à abstinente du jour au lendemain. Le challenge est immense, tout nous rappelle notre ex : une chanson, un parfum, un restaurant… Un peu comme la cigarette, qui vous hante dès que vous voyez quelqu’un en griller une à la terrasse d’un café et dont vous essayer d’inhaler la fumée coûte que coûte… même si ce n’est pas bon pour vous… (« oui, je sais » en levant les yeux).
Rechuter ou tourner la page ?
Comme avec la cigarette, il y a toujours ce moment où on pense qu’on peut « replonger juste un peu ». « Un petit message, juste pour voir… » ERREUR. C’est l’équivalent d’en fumer « juste une petite » après trois mois d’abstinence : on sait comment ça finit.
Tant qu’on n’aura pas trouvé le moyen, comme dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind de faire comme comme Jim Carrey et Kate Winslet qui effacent leurs souvenirs d’amour, il faudra s’accrocher. Pas le choix.
Le seul vrai antidote ? La patience. Accueillir le chagrin. Se donner du temps et… remplir sa vie de nouvelles expériences, s’entourer, se reprogrammer. Remplacer la dépendance amoureuse par d’autres plaisirs (sport, voyage, art, ou juste binge-watcher une énième « Friends » en pyjama).

Kit de survie pour éviter l’overdose amoureuse
On l’a compris, l’amour peut être une addiction. Mais pas de panique, voici quelques conseils pratiques et scientifiquement approximatifs pour éviter de finir en cendres émotionnelles :
La « règle de la clope imaginaire » : avant d’envoyer un message impulsif à son ex ou son crush non-réciproque, posons cette question : « Si c’était une cigarette, est-ce que j’aurais vraiment besoin de la fumer là, maintenant ? » Si la réponse est non, lâchons notre téléphone et allons boire un chocolat chaud.
Le patch social : pour compenser le manque, s’entourer de potes, de collègues, de son chat… Bref, tout ce qui nous évite de replonger seul(e) devant une playlist ultra-dramatique façon Adele & Céline Dion – Best of Tears Edition.
La technique du « je respire et j’attends » : avant de foncer dans une relation passionnelle, laissons le temps à notre cerveau de redescendre du nuage hormonal. Si, après un mois, l’idée de lui envoyer un message ne nous donne plus l’effet d’un espresso à 23h, c’est que l’on peut avancer sereinement (vivement que ça arrive !)
Le « remplacement malin » : puisque notre cerveau adore les habitudes, remplaçons la dépendance amoureuse par une autre presque aussi intense mais bien plus saine : la salsa, la pâtisserie, le yoga du rire… ou même un marathon Grey’s Anatomy (attention, ce dernier peut aussi créer une addiction).
Le mantra anti-rabibochage : « Une cigarette déjà fumée, même rallumée, a toujours un goût de cendre. » (Phrase à se répéter à haute voix chaque fois que l’on a envie de répondre « ok », « tu me manques aussi » ou « ptdr j’avais oublié ce selfie de nous à la plage »)
Alors, l’amour, c’est vraiment comme une cigarette ?
Oui, dans le sens où il est addictif, exaltant et parfois destructeur. Mais non, car contrairement à la cigarette, on ne vous recommandera jamais d’arrêter définitivement ! L’amour, malgré ses hauts et ses bas, reste une des plus belles expériences humaines. À condition de le consommer avec modération, et surtout, sans s’y brûler les ailes. Et bien consommé, il est encore meilleur. Alors, plutôt que de jouer les cendriers émotionnels, visons les feux d’artifice !