Il est grand temps de prendre une Pause

se Pauser

On rêve toutes et tous d’avoir plus de temps pour soi, happés par la vie de tous les jours, les responsabilités et les tracas quotidiens. Nous repoussons sans cesse ces moments où nous ne faisons rien, culpabilisés par une société de gourous de l’action qui nous rabâchent que la motivation est la clé, d’influenceurs et d’entrepreneurs trentenaires qui nous font croire que ne jamais s’arrêter est la norme.

Mais quand on n’a plus le choix, que prendre soin de soi n’est plus une option mais une nécessité, que se passe-t-il ? Nous avons rencontré une toute jeune association qui a pour vocation de se tenir à vos côtés dans ces moments. Pause est une association de sport santé basée à Aurillac et fondée par 3 passionnés des autres et de sport, Lucie, Stéphane et Linda. Ils vont nous raconter leur projet et nous motiver à prendre une Pause.

Parlez-nous de vous...

Stéphane, enseignant en éducation physique adaptée, fraîchement arrivé dans le département. Il y a 15 ans, j’ai cofondé l’association VIACTI sur Paris sur le même modèle que Pause et visant à permettre à des personnes qui sont éloignées de la pratique sportive de s’y remettre dans un but thérapeutique, d’insertion sociale et d’inclusion

Au-delà du sport santé et du sport adapté, l’activité physique est un formidable moyen d’accompagner l’insertion des personnes vulnérables qui peuvent avoir des parcours un peu chahutés, de migration. Nous leur permettons de reprendre confiance en eux, de se reprendre en main et de trouver leur place dans la société. Nous accompagnons aussi les personnes en situation de handicap à améliorer leur confort au quotidien, augmenter leur mobilité, resocialiser et prévenir les méfaits de la sédentarité.

Linda, cofondatrice de l’association et professionnelle en “activité physique adaptée et santé”. Je suis spécialisée dans les maladies chroniques et métaboliques.

Je suis arrivée il y a 10 ans sur le Cantal pour travailler dans le domaine associatif et je termine un Master international en nutrition et diététique avec pour spécialité “Santé publique et Nutrition”.

Mon ambition à travers Pause est d’accompagner chacune et chacun à acquérir des habitudes santé positives pour favoriser un mieux-être au quotidien et être en meilleure santé.

Pause
De gauche à droite : Linda, Lucie et Stéphane

Lucie, originaire du Cantal, je suis actuellement maître-nageur dans une association sportive aurillacoise. Je suis titulaire d’une licence STAPS « Activités Physiques Adaptées et Santé« , ce qui me permet d’intervenir auprès de différents publics, âgés de 3 à 90 ans, ayant un handicap mental, physique ou porteur de pathologies chroniques.

Nous avions envie de faire vivre quelque chose dans le département parce que nous croyons au contexte local. On ne voulait pas créer quelque chose à tout prix mais répondre à un besoin, se questionner sur les besoins des acteurs sur le terrain. En 2 ou 3 rencontres, on a vite été boostés et ils ont vite abordé le sujet et la nécessité d’un lieu physique.

Quel est votre rôle dans l’association ?

Lucie est présidente, Stéphane est trésorier et je suis la toute première salariée. C’était primordial pour nous que la présidence soit tenue par une femme car la majorité de notre public est féminin.

Quelle est la différence entre le sport santé et le sport adapté ?

La différence devient un peu floue avec les nouvelles lois qui voient le jour. Le mouvement sportif a dû réorienter et diversifier son approche afin d’utiliser l’activité physique pour répondre aux enjeux sociaux

Le sport santé vise à préserver ou maintenir une bonne santé grâce à la mise en mouvement. Il répond à plusieurs objectifs santé. 

Initialement, le sport adapté signifie activité physique pour les personnes atteintes d’un handicap mental. Aujourd’hui, il est la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap et englobe désormais le handicap moteur et sensoriel. Grâce aux Jeux Olympiques, nous avons pu découvrir la richesse de la pratique sportive adaptée.

L’activité physique adaptée santé, quant à elle, s’adresse aux personnes qui ont une pathologie comme un cancer ou une maladie chronique. Elle utilise le mouvement comme levier pour répondre aux besoins et envies des publics.

Qu’est ce qu’un objectif santé ?

L’objectif santé repose sur la prévention qui est le coeur de Pause. Il en existe 3 types :

  • la prévention primaire, c’est-à-dire avant la maladie. Il s’agit de rompre le cercle vicieux de la sédentarité.
  • la prévention secondaire, dans le cas de maladies. L’activité physique devient une thérapie non médicamenteuse dont le principal effet secondaire est le plaisir.
  •  la pratique physique en prévention tertiaire qui vise à éviter les risques de rechute à la suite d’un cancer par exemple.

Qui est Pause ?

Nous sommes partis du postulat que le sport est un droit et qu’aujourd’hui encore beaucoup de personnes n’ont pas le droit de faire du sport pour des raisons de structures d’accueil, culturelles, d’offres pratiques, etc. Notamment les femmes sont souvent bien plus exclues de la pratique sportive que les hommes pour des raisons d’emploi du temps et de responsabilités au sein du foyer. Pause a été créée pour permettre à chaque personne de trouver une manière de bouger et de se remettre en activité pour éviter la sédentarité et les pathologies qui en découlent.

Le Cantal est un territoire fortement rural. Nous avons des problématiques qui nous sont propres en termes d’accessibilité de pratique sportive, mais aussi une offre de soins parfois limitée. Le territoire n’échappe pas au manque de médecins. Malgré des politiques favorables à l’accueil de nouveaux soignants, la tendance mettra du temps à s’inverser. À court terme, la prévention est donc le meilleur moyen de prendre soin de sa santé.

Notre ambition c’est faire prendre conscience à toutes les personnes que nous accompagnons, de l’importance de bien bouger, de bien manger, et de s’autoriser des temps pour soi afin d’être en bonne santé.

Le nom de l’association s’explique aussi de cette manière : prendre une Pause pour soi, s’autoriser à juste dire stop, faire vraiment une parenthèse dans son quotidien. À plus long terme, on imagine un espace accueillant et chaleureux dans lequel la prévention en santé par l’implémentation de bonnes pratiques sera omniprésente sans être intrusive. Accompagner les personnes à mieux respirer, à s’octroyer un temps de méditation ne serait-ce que de 2 minutes, se nourrir simplement et bien sûr se remettre en mouvement.

Pause a eu un an le 20 octobre. C’est donc une jeune association qui a de l’ambition. Le lieu qui accueillera l’association sera l’un des premiers en France et en région AURA. Nous aurons besoin d’un espace de pratique assez conséquent, qui devra être conçu comme un espace hybride pouvant accueillir un coin thé-café, mais aussi des conférences, des réunions,  des ateliers tout en étant ouvert sur l’extérieur. 

Et le plus important, tout sera fait 100% avec le cœur dans l’association.

Quels ont été les premiers pas ?

L’une de nos premières actions, organisée le 28 mars, a été de regrouper les professionnels de l’activité physique adaptée et santé du secteur pour se présenter et mieux comprendre leurs besoins. On a été agréablement surpris car 15 professionnels ont répondu présents.

Lors de cet apéritif autour de l’activité physique adaptée, nous avons mené une réflexion sur 2 thématiques fortes : le déploiement du sport santé et la pratique des personnes en situation de handicap sur notre territoire. Le constat a été qu’il existe une offre de pratique adaptée et beaucoup de belles volontés pour rendre le sport accessible, mais que cela ne suffit pas à couvrir tous les besoins. Il manque aujourd’hui un rouage essentiel : un espace de pratique accessible et adapté. Notre intuition a été confirmée les professionnels.

Que se passera-t-il si l’on pousse les portes de Pause ?

Nous allons organiser deux types d’ateliers réguliers par mois qu’on appelle des workshops sport/santé dans lesquels nous aborderons une pathologie et une activité physique. Par exemple, sport et cancer. Il y a encore quelques années, lorsque l’on avait un cancer, souvent, on nous disait que la priorité était de se reposer. Aujourd’hui, c’est le postulat inverse c’est-à-dire que quand on va chez un médecin et qu’on a du diabète, une maladie cardio-vasculaire, de l’hypertension ou un cancer, normalement la première chose qu’il doit faire c’est prescrire une activité physique même pendant le traitement.

Les médecins l’ont pour beaucoup intégré et compris notamment depuis la réforme de la santé en 2017 qui a été un gros moyen d’impulser chez les professionnels de la santé un changement de pratique. Mais il reste toujours des personnes, médecins ou patients, qui n’en ont pas conscience.

Il est important de noter que l’activité physique dans les pathologies va permettre à la personne, déjà de se redonner confiance en elle et va agir aussi sur différentes molécules. Résultat : elle va en tirer un bien-être général. Par exemple, si on reprend l’exemple du cancer, cela permet de diminuer la fatigue liée au traitement. Typiquement une personne qui est en radiothérapie est plus fatiguée qu’une patiente en chimiothérapie. Ici, on parle de fatigue chronique, on ne parle pas de pics de fatigue. Si on intègre une activité physique durant le temps de la radiothérapie, cette personne aura une fatigue vraiment plus diminuée et surtout qui va durer moins dans le temps. Pour une personne qui a fait du sport, la fatigue s’estompe au bout de 6 mois après la radiothérapie et pour une personne qui ne pratique pas, cela peut perdurer jusqu’à 5 ans après le traitement. Ça vaut le coup de se bouger un petit peu ! 

Et pareil sur toutes les pathologies. Si on prend le diabète, l’hypertension, l’activité physique va permettre de réajuster les médicaments et donc d’en prendre un peu moins et des doses plus faibles.

Sport Santé

Quels sont vos objectifs avec Pause ?

L’idée est de créer un écosystème autour de la mise en mouvement donc, pour ça, il faut aussi travailler avec les clubs sportifs. Aujourd’hui, ils ne sont pas forcément prêts à accueillir des nouveaux publics que ce soit à Aurillac ou même dans les grandes métropoles pour plusieurs raisons. D’abord, ils ont du mal à aller chercher des financements pour leur permettre d’employer des éducateurs. Ensuite, un manque d’infrastructures. Ils sont déjà presque pleins, ce serait compliqué de leur dire d’arbitrer avec des gens qui y sont depuis quelques années et d’accepter des gens qui sont malades pour les soigner. Ce n’est pas leur cœur de métier donc il y a un changement de paradigme à avoir.

On veut donc essayer de pousser les clubs à comprendre l’intérêt d’avoir des nouveaux publics, à comprendre aussi que ces publics, pour certains, sont déjà dans leur effectif mais qu’ils ne le savent pas. La piscine est un très bon exemple car un maître nageur qui est là en surveillance ne sait pas qu’untel est diabétique, a des problèmes cardio-vasculaires ou qu’untel a de l’hypertension. En fait, beaucoup rechignent à faire les formations sport santé sauf qu’en fait ça leur servirait dans leur quotidien puisqu’ils ont déjà ce public-là. 

L’idée ce serait de pouvoir vraiment, par ces évènements, sensibiliser ces éducateurs sportifs à l’accueil du grand public et ce serait pour les patients et pour les personnes qui viennent chez nous de leur montrer des structures à côté de chez eux qui sont ouvertes à les accueillir dans une discipline sportive et ainsi faire la promotion des clubs de sports.

Il faut garder les personnes dans un parcours actif parce qu’il y a beaucoup d’exemples de gens qu’on retrouve en séance d’activité physique adaptée qui pratiquaient déjà et suite à un événement de vie ou une pathologie arrêtent et ne se voient pas repartir vers leur sport. Alors que très souvent il n’y a pas grand-chose à faire, c’est l’histoire de 2 ou 3 séances pour se remettre dans le bain mais ces personnes-là n’osent pas faire le pas et elles restent éloignées de la pratique qu’elles aimaient bien.

On va avoir un fonctionnement d’une maison sport santé. Ces maisons ont plusieurs missions. La première c’est l’évaluation de la condition physique des personnes et des besoins. La seconde c’est la formation, la sensibilisation professionnelle soit avec les médecins, soit avec le public cible c’est-à-dire les personnes en ALD (affections de longue durée), en situation de handicap ou le grand public, soit avec les éducateurs sportifs. 

Le local servirait aussi de Lab Test pour les personnes qui se lancent et qui n’ont pas les moyens de louer des salles pour tester leur activité. 

Est-ce que ce sera possible de simplement se retrouver, boire un café dans cet espace ?

C’est un tiers lieu donc ça doit être hybride et correspondre aux gens qui le fréquentent. C’est le côté social de nos séances physiques adaptées. Les personnes, souvent des femmes, arrivent beaucoup plus tôt pour discuter un peu avant et elles traînent après la séance pour partager. On est sollicités pour ces moments aussi, on nous demande déjà quel sera l’événement organisé pour Noël. Ils ont compris qu’il y avait un côté échange et qu’ils ne sont pas tous seuls dans la galère même si chacun avance à son rythme. Ce côté vraiment social est très important dans la prise en charge non médicamenteuse. 

Nous aimerions également mettre en place un petit jardin thérapeutique dont sera issue la tisane qu’ils choisissent de boire et qui ira avec leur état émotionnel du moment ou leur problématique. Par exemple, si Albert a de l’arthrose, on pourra lui proposer une tisane avec un mix sauge médicinale et ortie qui est anti-inflammatoire

Comment avez-vous obtenu le financement pour ce tiers lieu ?

Nous avons rencontré les différents acteurs de la prévention, du sport et de l’entrepreneuriat social et nous avons postulé à la Place de l’Emergence, un dispositif de France Active. Il permet à des structures de l’entreprise sociale et solidaire de lancer leur activité. La Banque des Territoires a décidé de nous faire confiance et s’est engagée à nos côtés. Grâce à ce financement nous avons, entre autres, pu concrétiser le poste de Linda. 

Sa mission sur les deux prochaines années sera, de développer l’écosystème partenaire, d’accompagner les adhérents à se remettre en mouvement mais surtout de trouver un site nous permettant de faire sortir de terre notre tiers lieu sport santé. 

Ce tiers lieu on l’avait dans la tête mais on se donnait 6 ans et là on est sur objectif à 2 ans, janvier 2026 maximum donc on est enchantés.

Soirée Pause

Jusqu’à ce que ce lieu prenne vie, comment intervenez-vous auprès des gens ?

On commence déjà à avoir des ateliers sur Vic-sur-Cère, Laroquebrou et Aurillac. C’est le début mais l’idée c’est d’avoir ensuite des adhérents qui viennent chez nous, qu’on puisse accueillir pendant 6 mois, 1 an ou 2 ans et après les réorienter s’ils trouvent une activité qui leur convient mieux.

En attendant, on intervient en structures et on continue à se faire connaître. Comme ça, si nous devenons une maison sport/santé, nous aurons déjà des missions de coordination avec les EHPAD, maisons de repos, résidences seniors, hôpitaux

Et nous allons avoir des ateliers ouverts sur Aurillac et Vic-sur-Cère à partir de janvier 2025 et beaucoup d’autres offres pour le public qui vont arriver.

Quels sont vos besoins ?

Nous sommes toujours en recherche de financement pour pouvoir faire évoluer la structure et créer le lieu. Ensuite, nous aurions besoin de bénévoles pour le logo et la charte graphique.

Et surtout, nous recherchons du soutien auprès de la communauté aurillacoise et de la CABA pour soutenir ce projet et nous appuyer pour trouver un lieu. Si des personnes ont des locaux qu’ils n’utilisent pas, qu’ils nous contactent.

C’est actuellement le mois du cancer féminin, Octobre Rose, avez-vous des actions sur ce thème ?

Le 21 octobre, nous avons organisé, à la Maison des Sports, une soirée débat à destination des bénévoles des différents clubs du département et de la Ligue contre le cancer. Nous travaillons à lever les freins face à l’accompagnement des personnes qui ont eu un cancer et qui viennent dans un club sportif. Nous avons pu parler d’activité physique et de leurs bienfaits, conseiller les personnes malades ou qui sont en fin de parcours de traitement à aller vers l’activité physique adaptée

La soirée s’est déroulée sous forme d’animations participatives, d’échanges, de débats, de mises en mouvements. Était présent un chirurgien qui intervient souvent dans le cadre de cancers féminins, le docteur Karim Raossanaly. Il reçoit les femmes, en général, au début de leur prise en charge pour l’opération. 

Cet évènement a été organisé avec le DAHLIR, le DAPAP, la SDJES (service départemental de la jeunesse et des sports) et le CDOS (comité départemental olympique et sportif). C’est important pour nous car, dans notre métier, on touche environ 90% de femmes. 

Il y a très peu d’hommes car ils ont du mal à se projeter dans une activité douce sans recherche de performance. Ils pensent que ça ne sert à rien. On aimerait aussi briser ces croyances limitantes et faire bouger les lignes sur ce point.

Comment peut-on vous contacter ?

Logo Pause

Vous pouvez nous contacter soit :

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