Depuis la nuit des temps, les seins fascinent et attirent les convoitises, que ce soit à travers le cinéma, la publicité ou encore l’art. Mais, il est encore difficile de parler de ses seins sans que cela ne soit pas tabou.
La preuve en est avec le documentaire signé d’Angèle Marrey « Bénissez nos seins », un film documentaire qui soulève bien des questions et notamment le poids du patriarcat sur nos poitrines.
Un documentaire qui questionne la place des seins dans nos sociétés et le ressenti des personnes qui les portent. Scarlette a visionné ce documentaire et vous en dit plus…
Le poids du patriarcat
Le film documentaire montre l’image et la représentation des seins, dénonçant l’uniformisation de la poitrine féminine. Nous n’avons jamais été libres de laisser notre corps s’exprimer puisqu’à chaque époque, l’homme nous imposait sa vision de la poitrine et de notre corps.
Il y a eu la période où nous avions le droit aux corsets trop serrés, étouffants notre belle poitrine et la rendant la plus plate possible. Ensuite, de grands couturiers ont commencé à la libérer de ces corsets, mais au détriment d’une poitrine idéale…
Et oui, car il faut savoir que ce sont ces messieurs qui nous ont imposé l’image et l’idée qu’une poitrine idéale existait et que nous devions toutes répondre à leurs critères. Non mais sans blagues ! Une poitrine idéale. Comme s’ils devaient, eux aussi, avoir un buste ou un sexe idéal répondant à des critères que nous, les femmes, imposerions… on marche sur la tête !
Dans nos sociétés, c’est toujours la même poitrine qui est représentée et montrée : un sein idéalisé, blanc, rond, élevé sur le buste, presque en lévitation et en érection, comme celui des statues. Sans poils ni vergetures. Toutes les poitrines qui sortent de ce modèle – c’est-à-dire beaucoup, beaucoup de poitrines – sont mises de côté.
Je ne sais pas vous mais pour les Scarlette, nos poitrines respectives sont loin de ressembler à celles des statues…
Cette oppression du patriarcat, d’imposer une image d’une poitrine idéale renvoie à l’invisibilisation de celles qui ne correspondent pas aux normes. De partie du corps appartenant à une personne, la poitrine est devenue un objet que l’on fantasme, que l’on admire, que l’on utilise ou dont on vend l’image.
Des traditions barbares encore pratiquées
Alors que notre poitrine se fraye doucement un chemin sous notre tee-shirt au moment de l’adolescence, nous subissons déjà les moqueries des garçons et les regards déplacés des adultes.
Le documentaire nous évoque ainsi le repassage des seins, cette tradition archaïque de mutilation qui touche 3,8 millions de jeunes filles dans le monde : « La glande mammaire est écrasée au moyen d’outils chauffants pour soi-disant, du moins dans l’imaginaire collectif, retarder la maturité« , explique la réalisatrice.
La puberté et la naissance des seins ont aussi sa place dans le film, qui est « une fracture dans l’éducation entre les jeunes filles et les jeunes garçons« , poursuit-elle.
Il ne faut pas oublier que les seins supportent aussi un poids social à partir du moment où la puberté arrive. Au moment de la naissance des seins, le harcèlement de rue et la sexualisation des corps augmentent. Le regard porté par les adultes sur ces corps change aussi, alors que ce ne sont pourtant encore que des corps d’enfants, puisque la naissance des seins survient entre 9 ans et 15 ans.
On se demande bien ce qui se passe dans la tête de ces adultes…
Injonctions sociales et outil politique
Les seins concentrent beaucoup d’injonctions sociales mais cristallisent aussi beaucoup de violences sexistes. D’où la difficulté de faire la part des choses entre allaitement, maternité, sexualité, sexualisation des corps, rôle politique. Les féministes des années 1970 jetaient leur soutien-gorge et pour les Femen, porter leur combat poitrine nue est un élément de langage.
Ce documentaire est un outil politique en lui-même car les différents témoignages montrent des personnes qui essaient de faire une révolution de leurs corps et de l’intime. Et pour la réalisatrice, Angèle Marrey, faire une révolution de l’intime est un outil politique. Car toutes les histoires que l’on raconte sont universelles dans l’émotion qu’elles provoquent.
L’idée, ce n’est pas de savoir qui peut faire du topless ou pas, qui a envie de porter un soutien-gorge ou pas. Mais plutôt de se demander qui a le droit de prendre des décisions pour notre corps et de lui assigner une place dans notre société où, pour l’instant, les corps féminins sont invisibilisés dans leur réalité.
L'intérêt de visionner ce documentaire
Scarlette a été touchée par ce documentaire et vous le conseille vivement. Les témoignages authentiques, nous montrent à quel point le problème est partout et qu’il est temps que les choses changent !
Angèle Marrey, la réalisatrice, aimerait que celles et ceux qui voient ce film se rendent compte que leur corps n’est pas juste là pour être regardé, qu’il n’est pas seulement un objet sexuel, un objet de désirs, qu’il n’est pas là seulement pour plaire.
L’objectif de ce documentaire est de provoquer une petite révolution intime pour les personnes qui le visionne et une prise de conscience collective sur la manière dont on montre nos corps : quels corps montre-t-on ? Quels standards de beauté montre-t-on ? Aujourd’hui, ce sont encore majoritairement des corps blancs, toniques, minces, voire maigres. Comment fait-on abstraction de cela pour vivre dans un monde plus réaliste ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?