« ChatGPT est en congés, comment je vais faire pour le quitter ? »

D’abord on swipe. Puis on se matche. On se parle. On se kiffe et puis parfois on se ghoste. Le marché de l’amour, désormais, ne laisse plus grand-chose au hasard. Les applis en tous genres, les avatars de “date” (vous comprendrez plus bas), ChatGPT en aide à l’écriture : quel est l’apport réel des nouvelles technologies dans nos vies amoureuses ? Et est-il plutôt positif ou négatif ?

1er épisode de la série “L’amour, comme ci, comme ça” avec le concours instructif du psychanalyste Christian Richomme, auteur de “Psychologie de la rencontre amoureuse” (Éditions du Net) et spécialiste des troubles de l’anxiété, les dépressions, les addictions et les troubles affectifs.

Se rencontrer grâce aux applis ou l'amour 2.0

Combien sommes-nous, ces galériens de l’amour (vous en êtes un s’il vous est arrivé au moins une fois de sécher devant un texto !), en 2024, à n’y parfois plus rien comprendre ? Pourtant, la promesse est belle : il y a des applis pour tous et pour tous les goûts. Pour les amoureux de la campagne (rencontre-agriculteur.com), pour les accros de l’informatique (rencontre-geek.fr), pour les Macron-compatibles (droite-rencontre.com, gauche-rencontre.com), pour les Pierre Richard de l’amour (rencontretimide.com), pour les bobos aux intestins fragiles (rencontresansgluten.com), pour les dingos d’animaux (animoflirt.com), pour les droits dans leurs bottes (rencontre-militaire.com), pour les nez rouges (oui oui “Clown dating” !) et la liste est encore longue ! Les applications de rencontres, autrefois considérées comme des outils secondaires, sont devenues des plateformes dominantes pour trouver l’amour.

Pour Christian Richomme, psychanalyste, “la segmentation croissante des plateformes, chacune s’adressant à des niches spécifiques montre que le « marché » est de plus en plus influencé par des facteurs économiques mais aussi sociaux comme l’augmentation du célibat tardif, les carrières plus longues, et une plus grande indépendance financière des femmes.” La sentence est irrévocable : “Cela se traduit par une plus grande diversité des attentes et des besoins, rendant le marché de l’amour plus complexe que jamais.” 

Et de poursuivre : “Avec l’abondance des choix disponibles, le « turn-over » dans les relations amoureuses semble en hausse. Les attentes sont également plus élevées, car les gens sont constamment exposés à des profils idéalisés et à des possibilités de connexions infinies. Cette dynamique crée un paradoxe : alors que les options sont plus nombreuses, la satisfaction semble souvent plus difficile à atteindre, car l’idée que l’on pourrait toujours trouver « mieux » est omniprésente.”

L'amour, c'était mieux avant ?

Et quand vous ajoutez à cela la “Dating fatigue” parce que le démon de la “Fear of better Option” vous a gagné(e) (cette méchante angoisse -et addiction- qui nous pousse à continuer à swiper pour voir si la personne d’après ne collerait pas mieux à nos attentes), que peut-on faire ? “La gratification instantanée offerte par la technologie peut entraîner une impatience dans les relations, où l’effort de comprendre et de surmonter les difficultés est remplacé par une recherche immédiate d’une nouvelle connexion. De plus, la communication via des écrans crée souvent une distance émotionnelle, où les nuances de l’émotion sont perdues, rendant les relations plus superficielles.”

Bon, on ne va pas faire le discours du “C’était mieux avant” parce qu’on n’est pas des réacs hein ? Et puis les applis, ça aide. Beaucoup même. Pour rencontrer, pour faire le tri, pour augmenter nos chances. Pour passer à autre chose (oui, des déceptions, on en a tous et on veut vite les oublier !). Pour ouvrir le champ des possibles. Et puis tout le monde a dans son entourage quelqu’un qui s’est marié grâce à Tinder, donc ne désespérons pas… ! 

D’autant que “avant”, c’était finalement pas si dément : “L’idée que les relations de couple étaient plus romantiques avant les nouvelles technologies repose en grande partie sur une idéalisation du passé. En réalité, les couples de l’époque faisaient face à des défis très différents, comme des mariages arrangés, des rôles de genre rigides et une moindre liberté personnelle. Les relations étaient souvent plus durables, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles étaient plus romantiques ou satisfaisantes. En 2020, les relations sont marquées par une plus grande égalité, la liberté de choix, et une communication plus ouverte sur les émotions et les attentes. Cela permet aux couples de construire des relations basées sur des affinités réelles plutôt que sur des obligations sociales.”
A
lors, épuisés du swipe de tous pays, unissons-nous : OUI aux horizons qui s’élargissent, OUI à la liberté des choix et à l’augmentation des prétendant(e)s mais NON aux conséquences néfastes. Car “l’illusion de la connexion rapide peut masquer une véritable incapacité à s’engagerexplique Christian Richomme.
CQFD.

Les avatars de "date", des futurs assistants très personnels

Les nouvelles technos et leurs supers pouvoirs nous font gagner du temps, c’est indéniable : avez-vous d’ailleurs entendu parler de ce nouvel outil de l’IA qui draguera bientôt à notre place ? C’est la directrice de Bumble, Lidiane Jones, qui l’a dit : chaque inscrit sur son site disposera bientôt d’un assistant personnel (entraîné grâce à l’IA) qui ira à des rendez-vous numériques avec d’autres assistants personnels pour nous prémâcher le travail et nous éviter la contrainte (la purge !) fatigante de devoir parler à 100 personnes. Après ses multiples dates, il sera en capacité de vous proposer un nombre limité (3) de personnes valant vraiment la peine d’être rencontrés (comprenez : plus de cas soc’ !).

Waouh, si c’est pas un vrai coup de pouce ça ?

Quand ChatGPT rédige nos messages...

Mais parfois, on le sait, l’IA, ça peut faire des dégâts… Qui n’a jamais été (ou entendu quelqu’un être) destinataire d’un message trop bien écrit pour être vrai? Les phrases trop bien tournées, les mots trop bien choisis, les fautes d’orthographe inexistantes ? Et puis, un je-ne-sais-quoi d’artificiel… Et quand on s’en rend compte, ça peut faire mal, très mal… “Le recours à ChatGPT altère forcément la spontanéité et l’authenticité des interactions. Il déshumanise les interactions amoureuses, rendant les ruptures plus brutales et les connexions plus fragiles” analyse Christian Richomme. Il faut dire que la tentation est grande surtout pour les fâchés de l’écriture d’y avoir recours. Comment déjouer les tricheurs et savoir si les sms viennent de l’être aimé ou de ChatGPT ? Le mieux c’est encore de demander à… ChatGPT lui-même ! Et voici ce qu’il nous a répondu :

Voici quelques indices qui peuvent vous aider à faire la distinction :

  • le style d’écriture trop formel,
  • les réponses trop générales
  • la longueur du message (ChatGPT peut produire des réponses plus longues que nécessaire pour un SMS, offrant parfois plus d’explications que ce qu’une personne enverrait dans un simple message)
  • l’absence d’émotions ou de ton personnel
  • la répétition ou le manque de nuances
  • ou encore les questions détournées, c’est-à-dire si le message répond à une question ou une situation en apportant une réponse globale sans vraiment entrer dans le cœur du sujet, cela peut être caractéristique de ChatGPT”.

Si l’IA peut nous aider à bien utiliser l’IA alors… ne refusons pas le progrès mais gardons nos yeux bien ouverts et… prudence à tous les étages : une personne avertie en vaut 2 !

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