Pourquoi j’accepte qu’il (ou elle) me garde sous le coude ?

miettes de pain

Votre futur, c’est lui. Ou elle. Vous avez tous les signes sous les yeux. Présent sur vos réseaux, il (ou elle) like chacune de vos stories, glisse un commentaire sous vos photos, et vous envoie des messages aux petits soins. De quoi nourrir l’espoir, clairement. Mais voilà : ça dure. Vous vous tournez autour depuis des semaines, voire des mois, sans jamais franchir la ligne. Et vous commencez sérieusement à vous interroger.

Parce que de votre côté, vous avez envoyé tous les signaux possibles. Vous avez répondu à ses avances, donné le feu vert, peut-être même fait ce fameux premier pas. Pourtant, rien ne bouge. Toujours pas de vraie déclaration, pas d’invitation concrète, pas de bascule vers une histoire sérieuse.

Et puis, à chaque fois que vous décidez (enfin) de lâcher l’affaire, bim ! Un message réapparaît. Un compliment, une attention, un signe qu’il ou elle ne vous oublie pas complètement. Comme si on vous gardait sous le coude, juste au cas où… Alors, pourquoi restez-vous dans cette zone grise ? Pourquoi accepte-t-on parfois de se contenter de miettes au lieu d’exiger une vraie place ? Scarlette fait le point avec le Dr Christian Richomme, psychologue, pour vous aider à comprendre ce qui se joue… Et surtout, comment reprendre la main.

Le Breadcrumbing : Quand l’autre vous garde sous la main sans jamais s’engager

Le terme « breadcrumbing » nous vient tout droit de l’anglais et signifie littéralement « jeter des miettes de pain ». En clair, c’est cette tendance à envoyer des signaux émotionnels sporadiques, juste assez pour maintenir l’autre accroché… sans jamais aller plus loin. Un véritable ascenseur émotionnel, aussi frustrant que dévastateur pour la confiance en soi.

Pourquoi ce phénomène explose-t-il aujourd’hui ? Parce qu’avec les réseaux sociaux, il n’a jamais été aussi simple de distiller quelques miettes d’attention : un petit like, un commentaire ambigu sous une story, un message « juste pour prendre des nouvelles ». Des gestes anodins en apparence, mais qui entretiennent l’espoir chez celui ou celle qui les reçoit.

« On vit dans une société de surconsommation, et cette logique s’applique aussi aux relations amoureuses », analyse le Docteur Christian Richomme, psychologue. Les applis de rencontre et les réseaux ont banalisé l’idée de garder plusieurs options sous le coude, comme si l’autre était un produit qu’on stocke en attendant mieux. La quantité semble primer sur la qualité.

Et pour celui ou celle qui subit ce breadcrumbing, la confusion est totale. Ce comportement réactive souvent de vieilles blessures, notamment si l’on a grandi avec l’impression qu’il fallait « mériter » l’amour de ses parents. Résultat ? On glisse tout droit vers un schéma de dépendance affective, où chaque petite attention agit comme une récompense.

D’ailleurs, ces récompenses intermittentes sont une technique bien connue en psychologie comportementale. Leur pouvoir est redoutable : elles créent une addiction émotionnelle, où l’on attend désespérément le prochain signe, la prochaine miette. Un moyen de garder l’autre sous contrôle… sans jamais s’engager.

Mais alors, ce phénomène est-il nouveau ?

Si le breadcrumbing explose aujourd’hui, il ne sort pourtant pas de nulle part. Ce petit jeu toxique de la miette émotionnelle existait bien avant l’ère des réseaux sociaux. Ce qui change ? Les outils. Aujourd’hui, un simple like ou un commentaire suffit pour maintenir une emprise à distance, sans même décrocher son téléphone. Et avec les applis de rencontre, les opportunités de multiplier ce type de comportement se sont décuplées.

« Ce n’est pas un phénomène nouveau », confirme le Docteur Christian Richomme, « mais les témoignages se multiplient parce que la parole se libère, notamment via les réseaux sociaux où les victimes partagent leurs expériences ou interrogent directement des professionnels ». En clair, si on en parle plus aujourd’hui, c’est parce qu’il est plus visible. Et surtout, parce qu’il s’est décomplexé.

Il faut dire que dans une culture où l’amour se swipe et où la surconsommation de relations est normalisée, garder quelqu’un sous le coude devient presque banal. La quantité prime sur la qualité, comme expliqué plus haut. Une miette par-ci, une miette par-là, et l’autre reste dans l’attente.

Mais qui sont vraiment ces breadcrumbers ?

Dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui cherchent à booster leur ego en se sentant désirées… Tout en évitant soigneusement l’engagement. Un subtil mélange de besoin de contrôle et de peur panique de la vulnérabilité. Comme le résume si bien le Dr Richomme :« Je te veux, mais pas trop ». Est-ce que ça vous parle ?

Cette stratégie peut d’ailleurs cacher un narcissisme latent ou un trouble de l’attachement évitant. Derrière chaque miette, il y a une quête de validation — se sentir important dans le regard de l’autre — sans jamais prendre le risque de s’exposer réellement. Car une vraie relation impliquerait d’ouvrir son cœur, et ça, c’est beaucoup trop effrayant.

Pourquoi est-ce si difficile de s’en détacher ?

Si le breadcrumbing prospère aussi facilement, c’est parce qu’il active chez la victime des mécanismes psychologiques très puissants — et bien connus des experts. Il s’agit d’un piège comportemental qu’on appelle le renforcement intermittent, un concept mis en lumière par le psychologue B.F. Skinner. En clair, lorsque les récompenses (ici les signes d’attention) sont distribuées de façon aléatoire et imprévisible, elles créent une addiction émotionnelle particulièrement tenace.

Un message tendre quand on s’y attend le moins, une story likée juste quand on a décidé d’avancer… et l’espoir repart de plus belle. Cette attente récompensée par intermittence nourrit l’obsession : “Et si cette fois, c’était la bonne ?”

C’est ce mécanisme psychologique qui rend le breadcrumbing toxique à ce point, avec parfois de vraies conséquences sur la santé mentale. Et ça, le Docteur Christian Richomme le confirme :

« Ce type de comportement peut entraîner des troubles de l’estime de soi, de l’anxiété et un profond sentiment de confusion émotionnelle. Ne pas savoir où l’on se situe dans une relation génère un stress constant, qui peut même mener à une forme de dépendance affective. »

Comment repérer un breadcrumbing et s’en protéger ?

Heureusement, il est possible de repérer ce schéma avant qu’il ne vous entraîne dans la spirale de la dépendance. Voici les conseils clés pour garder les yeux ouverts :

💡 1. Reconnaître les signes évidents
Si l’autre vous contacte de manière irrégulière, toujours au dernier moment, sans jamais concrétiser de rendez-vous ou d’engagement clair, alerte rouge. Les échanges restent superficiels, un peu flous, comme si rien ne devait jamais devenir trop sérieux.

💡 2. Écouter vos ressentis
Le breadcrumbing laisse un arrière-goût désagréable. Si après chaque message, vous vous sentez confus, en attente, voire carrément dévalorisé, il est temps de vous interroger sur la qualité réelle de cette relation. Un flirt sain ne devrait pas ressembler à une énigme permanente.

💡 3. Reprendre la main sur le jeu
Fixez des limites claires : refusez de vous laisser embarquer dans une dynamique où l’autre mène la danse. Posez des questions franches sur ses intentions et observez les actes, pas seulement les mots.

💡 4. Travailler sur votre estime de vous
C’est peut-être le conseil le plus précieux : pour sortir du breadcrumbing, il faut se rappeler sa propre valeur. Vous méritez une relation où vous êtes choisi, pleinement, pas une place de bouche-trou émotionnel entre deux crushs. Entourez-vous de proches bienveillants, rappelez-vous vos qualités et osez dire stop à ce qui ne vous respecte pas.

Le breadcrumbing n’a rien d’une séduction maladroite ou d’un simple manque de clarté. C’est un jeu de pouvoir, où l’un distille les signes d’intérêt au compte-gouttes pendant que l’autre s’accroche à chaque miette. Et soyons clairs : se contenter de miettes, c’est toujours trop peu — surtout quand on aspire à une relation où l’on se sent choisi, respecté et pleinement considéré.

Si cette situation vous pousse à remettre en question votre valeur ou à chercher sans fin ce que vous auriez pu « faire de travers », stop. Vous n’avez pas à vous rabaisser ou à plier votre confiance en vous pour tenter de décoder les contradictions de quelqu’un d’autre. Ce n’est ni une preuve d’amour, ni de patience, ni de profondeur émotionnelle. C’est un signal d’alarme qu’il faut écouter sans détour.

Apprendre à poser ses propres limites, c’est un acte de respect de soi. Refuser de jouer à ce jeu malsain, c’est affirmer haut et fort que vous méritez une relation sincère, pas une attente permanente nourrie par des miettes.

Scarlette en rajoute une couche : surtout, fuyez ce type de relation. Elle est beaucoup plus dévastatrice que quelques perplexités. Et comme vous l’avez pressenti plus d’une fois, cela ne mènera à rien.

S’aimer soi-même, c’est aussi savoir dire non à ce qui nous abîme.

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