Le sujet du désir, de la projection et de la construction amoureuse a traversé les âges. Et dans les relations amoureuses, un phénomène récurrent semble se produire : la tendance des femmes à se projeter plus rapidement que les hommes. Mais pourquoi ce décalage ? Est-il d’ordre culturel, biologique, ou psychologique? À travers l’analyse de références philosophiques, littéraires et cinématographiques, nous tenterons de comprendre ce phénomène de projection amoureuse. En particulier à travers la métaphore du « tiroir » — une expression toute Scarlettiste (comprenez “fais moi de la place chez toi que je m’y mette !”) qui fait sourire, certes, mais qui révèle des attentes profondes !
La métaphore du tiroir : un besoin d’ancrage
L’expression « Je veux un tiroir » est souvent utilisée (ou plutôt pensée très fort !) par les femmes dans la sphère du couple pour signifier un besoin d’ancrage. Le tiroir traduit une envie (forte) de peupler (s’installer ?) la vie de l’autre, de créer un espace, histoire de rendre le lien tangible, stable, rassurant, réel. Un désir de possession symbolique en somme, mais aussi de légitimité. Mais pourquoi l’homme et la femme ne s’inscrivent pas, à ce niveau, dans la même temporalité ? Pourquoi le rythme de chacun est-il si souvent asymétrique ? Et bien TOUT SIMPLEMENT parce qu’il illustre une façon différente de concevoir la relation amoureuse. Et oui, nous ne sommes pas pareilles (je sais, ça vous fait un choc, mais il fallait que ce soit dit !).
Psychologiquement, selon certaines études issues de la psychologie évolutionniste, les femmes, en raison de leur rôle reproducteur, tendraient à investir plus rapidement et plus profondément dans la relation amoureuse. L’idée de « sécuriser » la relation pour garantir une protection et un engagement à long terme serait ancrée dans les mécanismes ancestraux de survie. Ce phénomène est, bien sûr, modulé par des facteurs culturels et sociaux, mais il est intéressant de noter que cette tendance est souvent plus marquée chez les femmes que chez les hommes.
Mais comme il n’y a pas de vérité absolue et que comme dirait Hermann Hesse, “Le contraire de toute vérité est aussi vrai que la vérité elle-même”, voici un extrait de film mythique où, une fois n’est pas coutume, c’est la femme, qui ne souhaite pas faire domicile commun avec son compagnon : “La Crise” de Coline Serreau avec Zabou Breitman face à Laurent Gamelon : “Écoute Didier je ne veux pas vivre avec quelqu’un. Ni toi ni personne je ne veux pas je veux vivre seule, seule seule tu comprends? Je veux pouvoir péter dans mes draps tranquille, rentrer à n’importe quelle heure, bouffer sur un coin de table, inviter des copains faire le ménage seulement une fois par an si ça me chante, j’veux dépenser mon fric à ma façon”.
L’amour, la projection et l’attente : une construction du lien
Même si, faut-il le dire, habiter ensemble n’est pas le seul moyen pour être heureux (en revanche pour le porte-monnaie, oui !), seulement 4% des personnes en couple en France ne partagent pas le même logement que leur conjoint (source INSEE). L’idée, donc, d’un foyer commun reste un projet largement partagé (vous avez dit “pression sociale ?”).
La projection est un terme fondamental en psychanalyse et en psychologie. Il désigne le processus par lequel une personne attribue à autrui des pensées, des désirs ou des émotions qui lui sont propres. Dans le cadre amoureux, cette projection devient souvent un mécanisme de construction de la relation. C’est à travers ce phénomène que l’on crée l’image d’un autre, mais aussi de soi-même dans une relation et c’est souvent au féminin qu’il se conjugue. Attendre un homme, être choisie, voilà d’ailleurs un thème qui traverse la littérature classique et qui est souvent le moteur des intrigues.
Bien sûr, on pense à cette chère Emma Bovary (1857) de Gustave Flaubert qui incarne l’idéal romantique, une femme qui rêve d’une passion intense et d’un amour idéal. Élevée avec des lectures romantiques, elle se projette dans des scénarios amoureux idéalisés et vit dans l’attente d’un homme ou d’un événement qui pourrait combler ses aspirations. Son insatisfaction face à la vie conjugale, avec un mari simple et peu romantique, reflète la construction sociale où les femmes sont encouragées à fantasmer sur l’amour.
Mais au-delà de la projection individuelle, l’attente des femmes dans l’amour peut aussi se lire comme une construction sociale et historique. La place de la femme dans le monde occidental a longtemps été celle de la passive, de celle qui attend, espère, et se projette dans un avenir commun.
Et si l’amour n’était qu’une question de tiroir ?
Le besoin de « tiroir » symbolise ni plus ni moins un désir de stabilité et de sécurité dans un monde incertain. Pour les femmes, le tiroir devient une métaphore d’un espace, un « chez soi » à deux où l’on peut être soi-même. Pour les hommes, il s’agirait de se projeter sans se perdre. En cela, les projections amoureuses, bien qu’elles puissent sembler être un acte de domination ou de désir d’ancrage, sont aussi une quête de sens et de partage — une forme d’ouverture où chacun cherche à se trouver et à comprendre l’autre.
Alors, la question reste posée : dans une histoire d’amour, qui a réellement le pouvoir de créer ? Est-ce celui qui attend le plus, ou celui qui, à son rythme, fait naître la relation ? Le tiroir, finalement, ne serait-il qu’un espace partagé entre deux imaginaires ?
Le rapport genré à l’amour, c’est encore Simone de Beauvoir qui en parle le mieux. Dans Le Deuxième Sexe, elle analyse comment les femmes, étant traditionnellement contraintes à un rôle secondaire dans la société, cherchent souvent à s’épanouir par la relation amoureuse, d’où cette projection plus immédiate. » La femme, dans l’ordre social, a plus à gagner d’une relation amoureuse qu’un homme… L’homme même amoureux reste toujours un sujet souverain : la femme aimée demeure pour lui une valeur parmi d’autres qui, bien que totalement intégrée à son existence, n’y prend pas toute la place. Pour la femme, au contraire, l’amour se confond avec l’existence même et les mythes de l’amour l’incitent à se dévouer entièrement à l’être aimé, voire à s’anéantir devant lui ”.
L’amour, en somme, pour une femme, ne serait pas seulement une affaire d’émotion, mais aussi un moyen de construire son identité et son statut.
Nous ne résignons pas pour autant ! Comme le disaient nos grands-parents, chaque pot a son couvercle, il y a forcément quelqu’un qui nous correspond quelque part, prêt à nous offrir tous les tiroirs de la terre ! Patience est mère de toutes les vertus… Gardez un œil ouvert et surtout… Ne vous bradez pas !
10 signes que votre relation va durer
Parce que l’amour, ce n’est pas qu’une question de papillons dans le ventre (spoiler : ces petits volatiles sont aussi éphémères que vos plantes d’intérieur), voici 10 signes pour repérer les indices que votre couple a ce qu’il faut pour durer. Entre rires, compromis et bienveillance, découvrez si votre relation est bâtie pour traverser les âges… Ou au moins survivre à votre prochain débat sur quelle série regarder.
- il ou elle vous contacte sans stratégie (on ne le rappellera jamais assez : quelqu’un qui manifeste son envie de vous voir et qui ne joue pas, ça n’a pas de prix !)
- vous avez des projets ensemble (et oui, si c’est toujours vous qui jouez à la GO du Club Med en organisant tout, c’est plutôt mal parti)
- vous savez vous disputer… Sans sortir l’artillerie lourde (les couples qui durent savent qu’une dispute, c’est comme un bon curry : ça peut être piquant, mais il faut maîtriser les doses. Vous arrivez à vous engueuler sans balancer le truc qui détruit l’autre (au sens propre comme au sens figuré bien sûr) ? Bravo, vous êtes en bonne voie)
- vous vous ennuyez… Ensemble, mais pas séparément (faire le ménage ou rester coincés dans un embouteillage ensemble ne vous donne pas envie de crier au désespoir ?) Félicitations, vous êtes sur la bonne voie. Si l’ennui à deux ne tue pas la vibe, c’est que vous avez une bonne base.
- vous savez respecter vos différences : l’un est thé vert (on se demande bien qui !), l’autre café noir ? Vous aimez le jazz, l’autre le métal ? Tant que vous ne critiquez pas les goûts de l’autre (à voix haute, du moins), vous êtes en terrain solide.
- vous vous pardonnez mutuellement les petits travers (ses chaussettes traînent partout ? Votre obsession pour les séries true crime lui donne des sueurs froides ? Si vous pouvez supporter les petites manies de l’autre sans envisager un exil volontaire, c’est bon signe)
- vous vous aimez pour de vrai, pas pour l’image Pas de filtres, pas d’efforts constants pour impressionner. Si vous êtes aussi à l’aise en pyjama troué qu’en tenue de gala, alors oui, c’est sérieux.
- vous êtes capables de voyager ensemble… Et de rentrer ensemble (voyager à deux, c’est comme mettre votre relation dans un shaker et voir ce qui en sort. Si vous pouvez survivre à des retards d’avion, une carte GPS capricieuse et un hôtel douteux, vous êtes invincibles)
- vous vous soutenez même dans les trucs ennuyeux Aller ensemble à un rendez-vous médical, aider l’autre à déménager ou supporter ses PowerPoint pour le travail ? C’est l’amour. Et oui, parfois, l’amour, c’est juste porter des cartons lourds sans râler.
- vous gérez les « je t’avais dit » avec élégance. Quand un plan foire parce que l’un de vous a ignoré les conseils de l’autre, vous ne transformez pas ça en un festival de reproches ? Félicitations, vous êtes déjà des pros du « on est dans le même bateau ».
Finalement, que l’on rêve d’un tiroir chez l’autre ou que l’on revendique farouchement son espace personnel, l’amour reste un équilibre subtil entre indépendance et partage. Chaque relation amoureuse est unique, avec ses propres règles et ses propres rythmes. Alors, que vous soyez plutôt Emma Bovary ou Zabou Breitman dans La Crise, l’important est de se rappeler que l’engagement amoureux ne se mesure pas à la taille d’un meuble, mais à la capacité de chacun à se sentir libre et épanoui, ensemble.