Deux mois. Deux longs mois que nos salons sont submergés par une avalanche de téléfilms de Noël. Chaque chaîne s’y met avec ferveur, dégainant ses récits enneigés où des héros au physique impeccable jonglent entre guirlandes et désirs retenus. Si on gratte sous la neige artificielle, on découvre un concept aussi édulcoré que gentiment absurde : des romances féériques déguisées en contes familiaux, mais qui n’arrivent pas à masquer l’évidence. Soyons honnêtes : les téléfilms de Noël sont des récits érotiques qui n’assument pas leur nature. Scarlette a sondé pour vous les méandres d’un téléfilm de Noël typique. Voici comment l’hypocrisie festive nous tire la larme et nous fait manger du pop-corn sous un plaid.
Des métiers étrangement sexy sous le sapin
Notre enquête commence avec des professions soigneusement choisies. Vous avez déjà vu un plombier ou un comptable dans un téléfilm de Noël ? Non. À la place, les scénaristes préfèrent des rôles étrangement sexy : la journaliste intrépide, le bûcheron aux biceps saillants, l’agente immobilière qui connaît les raccourcis du désir, ou encore la pâtissière qui pétrit la pâte avec une sensualité inexplicable. Chaque métier semble choisi pour déclencher des fantasmes dissimulés sous une pluie de flocons.
Et puis, voyons clair deux minutes : les protagonistes sont toujours des bombes sexuelles. Peu importe qu’ils soient censés être de simples habitants d’un village perdu dans les montagnes : leurs dents sont parfaitement alignées, leurs cheveux toujours impeccables, et leur garde-robe est une publicité ambulante pour des pulls en cachemire qui épousent les torses comme dans une pub de parfum… allez, on se calme et on reprend un petit thé à la cannelle.
Un ballet de désir qui dure bien trop longtemps
Poursuivons nos investigations et penchons-nous sur l’intrigue, cette fameuse danse du flirt qui s’étire sur 58 minutes. Cindy, la pâtissière aux cils interminables, croise Brian, le bûcheron qui sculpte le bois avec la grâce d’un danseur étoile. Dès la première rencontre, le regard de Brian hurle qu’il s’est déjà fait le film dans sa tête. Cindy, quant à elle, rougit pour mieux dissimuler le fait qu’elle n’a pas vu un homme comme ça depuis… toujours.
Mais, comme nous sommes dans un téléfilm de Noël, ils ne se sautent pas dessus tout de suite. Non, non, ils se tournent autour, multiplient les quiproquos, et partagent des moments « innocents » comme décorer un sapin ou boire un chocolat chaud. Une tension palpable monte, mais il faudra attendre LA scène du baiser final, souvent à la 58e minute, sous le gui, devant le sapin du désir ou dans la pièce principale devant toute la famille (et le Labrador) pour pas dire qu’ils se sauteraient dessus en moins de deux, sinon.
Des enfants et des flocons pour faire passer la pilule
Pour cacher cette tension sexuelle latente, les producteurs ajoutent des éléments « mignons ». Un enfant espiègle qui croit encore au Père Noël, un chien qui fait des cabrioles, ou une grand-mère qui tricote des pulls improbables. Le message est clair : “Non, regardez, ce n’est pas une histoire d’attirance physique débridée, c’est de la magie de Noël !” Sauf qu’il est impossible de ne pas voir que Cindy et Brian n’ont pas de guirlandes dans les yeux, mais bien des étoiles pleines de sous-entendus, à minima coquins.
Quand les adultes se racontent des contes de Noël
Et au fond, est-ce-que les téléfilms de Noël, ce ne serait pas un peu comme le Père Noël pour adultes : un gros mensonge auquel on choisit de croire, juste pour se sentir bien. On sait que personne ne tombe éperdument amoureux en trois jours, que la neige ne tombe pas juste au bon moment, et que les bûcherons sexy n’attendent pas dans les forêts à distribuer des chocolats chauds, mais on s’en fout. Après tout, les enfants croient bien au Père Noël sans chercher à en démêler les ficelles. Ces belles fausses histoires nous rappellent qu’au fond, nous sommes juste des grands enfants, une vie sexuelle en plus, et ce que l’on souhaite c’est continuer à le rester, toute notre vie.