Deux publics regardent la célèbre série française : ceux qui assument et ceux qui n’assument pas ! Aussi réaliste que rocambolesque, nous, on aime et on ne cache pas un certain attachement pour les acteurs, qui ont su garder leur simplicité. Suivre le quotidien du Mistral, c’est aussi s’offrir de belles vues sur la Cité phocéenne, et ça, on adore ! Si le feuilleton de plus de 18 ans a finalement fait son retour sur TF1 en janvier dernier, on fait le point sur ce que l’on apprécie et sur ce que l’on regrette dans la nouvelle version, intitulée « Plus belle la vie, encore plus belle ».
Ce qui nous plaît, à commencer par le nouveau bar du Mistral !
La série raconte la vie d’un quartier fictif de Marseille, très inspiré du Panier. À l’origine, un vrai café du quartier, « Le bar des 13 coins« , avec comme par hasard, situé à côté, la boutique officielle de la série aujourd’hui fermée, ressemblait beaucoup à l’ancien bar du Mistral, qui n’était autre qu’un décor de studio tout comme sa place. Aujourd’hui, le nouveau Mistral du moins sa terrasse et sa devanture sont situés à Allauch à 14 kilomètres de la Cité Phocéenne. Mais dès que Thomas Marci rentre dans le bar avec son plateau, les comédiens sont dans les studios à Marseille ! La magie de la télévision… Une nouvelle organisation pour l’équipe, mais qui offre à la série une ouverture sur la culture provençale, avec ses belles places du sud.
Des nouveaux arrivants attachants !
Qui dit nouveauté, dit nouveau casting… Et là aussi on est ravi ! De nouveaux personnages devenus aujourd’hui incontournables ont fait leur apparition. On ne pourrait plus se passer d’eux ! Très appréciée dans le quartier marseillais, comme par les téléspectateurs, nous avons découvert Jennifer, qui finalement s’appelle Ambre, suite à une intrigue de la sitcom diffusée au printemps ; cette pétillante secrétaire médicale apporte la joie de vivre au quartier. Nous aimons aussi son chéri Samuel, le B.G du commissariat tendance un peu maniaque, mais tellement romantique. Comme « Plus belle la vie » ça marche en famille, ce dernier est le cousin de Gabriel Riva, soit le docteur qui a quitté l’hôpital pour la Maison médicale, un nouveau décor de la série. Chez les petits nouveaux, nous apprécions aussi Zoé la fille d’Ariane, arrivée de façon très inventive digne des scénarios de la série. Sans oublier les personnages de Morgane la jeune policière Bretonne également nièce de Yolande la babacool qui fume de l’herbe en cachette, mais aussi Steve l’étudiant serviable, et Aya la nouvelle serveuse du Mistral qui est aussi la petite sœur de Djawad. Si vous êtes fan de la série, vous devez facilement savoir qui sont ses personnages, si ce n’est pas le cas, pas de panique on vous met un lien vers un arbre généalogique. En effet, on peut rapidement s’y perdre. La famille Kepler a aussi fait son entrée, mais on est moins fan, faut dire qu’elle n’endosse pas toujours le meilleur rôle.
Des sujets de société où l’on se reconnaît
Que l’on apprécie ou pas le célèbre sitcom, celui-ci s’inscrit presque dans la pop-culture ! L’une des marques de fabrique du programme, c’est d’être en temps réel et de coller à l’actualité, en abordant de nombreux sujets de société. Comme à ses débuts « Plus belle… » aborde toujours des sujets forts, comme l’alcoolisme ou encore l’homosexualité, à travers le personnage de Thomas. Il a été reconnu, que la série a permis à des téléspectateurs d’aborder plus facilement ces sujets en famille, agissant un peu comme un outil de médiation dans la société. Et ça, c’est quand même très fort pour un feuilleton ! Respect. Depuis sa reprise, nous avons apprécié quelques sujets abordés qui reflètent bien notre époque, comme : « le harcèlement moral, outil de manipulation mentale », « être parents à 50 ans », « la précarité étudiante » , « le succès des colis en livraison », « l’opération de la cataracte chez les séniors », et bien évidemment, « le droit des femmes ». Il y a forcément un thème où l’on se reconnaît.
Un hommage à Michel Cordes et Marwan Berreni réussi
Cette nouvelle version on l’affectionne pour une certaine continuité réussie, malgré un changement de direction sur un nouveau canal ; dans l’ensemble les spectateurs de France 3 retrouvent l’âme de la série sur TF1. Une option non négociable par la chaîne privée, pour réussir son pari en reprenant la série culte. – PBLV, c’est aussi un grain de folie avec un peu d’humour. Et les scénaristes ont leurs acteurs fétiches à qui ils font faire n’importe quoi, comme le commandant Patrick Nebout ; après avoir prononcé de drôles de serments pour aborder la question des sectes (qui est d’ailleurs un sujet très sérieux), le voilà qu’il se prend pour Kelly Slater à ses débuts, en se mettant au surf à 50 ans ! Dans le même style son ami, collègue et aujourd’hui gendre (on vous l’a dit, ici ça marche en famille) Jean-Paul Boher n’est pas mal non plus…
Enfin « Plus belle la vie », c’est aussi la réalité qui rattrape la fiction, avec deux tragédies. Deux comédiens incontournables qui nous ont quittés. Le personnage de Roland Marci, pilier de la sitcom, tel un papet à la Marcel Pagnol joué par l’acteur Michel Cordes s’est donné la mort peu de temps après l’arrêt de la série sur France 3 ; il avait interprété sa mort à l’écran lors des derniers épisodes en 2022. Des clins d’œil dans les conversations ou via une photo dans le bar du Mistral sont souvent perceptibles dans divers épisodes pour rappeler sa mémoire.
Autre drame, la disparition du jeune acteur Marwan Berreni également par suicide, suite à un fait divers qui l’accusait d’avoir renversé en voiture une femme à la sortie d’une boîte de nuit. Il incarnait le personnage d’Abdel Fedala, un avocat du milieu, fils de bandit, mais aussi éternel amoureux de la cuisinière Barbara, incarnée par l’actrice Léa François. Si Marwan Berreni était prévu au casting de TF1, notamment en couple avec Barbara et père de leur fils, la production s’est adaptée à la réalité, en le faisant passer pour mort dans une explosion du quartier, pour justifier son absence dans la suite de la série. Un hommage a été rendu à l’acteur au printemps dans le feuilleton, par le biais d’une cérémonie à la mémoire d’Abdel. Un moment fort et émouvant tant pour les acteurs que les téléspectateurs. Et une pensée très forte, avec beaucoup de respect pour Léa François, l’une des comédiennes les plus proches de l’acteur, qui a joué avec une émotion bouleversante et tellement sincère, les épisodes évoquant Abdel ; une performance très difficile qui nous a vraiment touchée. Suivre une série c’est un peu comme avoir ses comédiens à notre table… ces deux hommages étaient indispensables pour le public. Avec pudeur, respect et sans jamais tomber dans le cliché, la production a su orchestrer avec sensibilité et justesse, la mémoire de Michel et Marwan qui nous manquent vraiment aujourd’hui.
Ce qui nous séduit moins, à commencer par la pub !
« Plus belle la vie, encore plus belle », c’est aussi l’arrivée du programme sur une chaîne privée, connue pour la diffusion de ses publicités. Déjà qu’un épisode dure environ vingt minutes… BIM, voilà qu’il se coupe au bout de dix ! La page de pub est souvent aussi longue que la première moitié de la série, et c’est vraiment insupportable ! Mais nous sommes sur TF1, ce qui change évidemment l’approche par rapport à France 3, soit une chaîne du service public. Il faut que le feuilleton à succès rapporte à la chaîne, et cela est assez perceptible pour le téléspectateur. À noter que la pub est aussi très présente avant le début de la sitcom, qui à sa première diffusion en janvier commençait autour de 13 h 45, mais aujourd’hui, c’est plus autour de 14 heures, voir 14 h 05. Nous avons aussi le souvenir, de la diffusion du message « Votre feuilleton revient dans 1 minute » lors de son premier jour sur la chaîne privée ; un écrit rapidement remplacé par « Votre feuilleton revient dans 5 minutes« , pour aujourd’hui avoir totalement disparu et nous faire subir pas loin de 10 minutes de spots publicitaires, voir d’avantage. Si vous aussi, cela vous énerve, et que le nouvel horaire après le déjeuner ne vous convient pas, regardez le replay ! C’est gratuit, disponible le soir pour un moment de détente et vous ne supporterez qu’une seule publicité.
Le retour de Betty Solano !
S’il y a bien un personnage dont on se serait passé dans la suite des aventures marseillaises, c’est bien Betty Solano ! La belle brunette aux charmes envoûtants, mais aussi maléfiques a fait l’objet d’une intrigue, mêlant les personnages de Kilian (toujours son mari, malgré leur séparation) et Aya la nouvelle employée du bar des Marci, qui a tapé dans l’œil de kilian. On ne va pas vous raconter l’histoire, mais si nous n’avons rien contre l’actrice, il faut bien avouer que son rôle met très mal à l’aise ! Elle joue une jeune femme « folle« , très perturbée psychologiquement, violente et manipulatrice qui n’apporte que le mal autour d’elle ! Nous sommes intéressés par les enquêtes et la série, notamment la capacité de PBLV à envoyer les habitants du Mistral aux Baumettes tour à tour. Mais, l’intrigue avec Betty a été trop longue et son personnage est particulièrement « imbuvable », voire « toxique » pour utiliser un mot à la mode, ce qui nuit au charme du feuilleton. L’enquête avec Betty étant résolue, espérons que la production ne la remette pas à l’écran de sitôt.
L'absence de la famille Belesta !
À l’inverse, s’il y a bien des personnages qui nous manquent, c’est la famille Belesta ! Au départ ils étaient trois, avec le père Docker au port de Marseille, un syndicaliste chevronné. Mais celui-ci meurt et laisse une famille monoparentale avec la mère Laëtitia et son fils Kevin, un ado sympathique mais un peu immature, qui deviendra brigadier de police. Cette famille, avec une mère courage, qui avait débuté femme de ménage, à l’origine « un peu raciste », avait su évoluer au fil de la série, pour finalement s’ouvrir au monde et apprécier les étrangers. Par de multiples rebondissements dont seul « Plus belle la vie » a le secret, elle avait terminé prof de français contractuel au lycée. La famille Belesta était très loin du monde bling-bling, bien au contraire ! Elle vivait avec de petits moyens, connaissant les fins de mois difficiles, sans jamais tomber dans le pathos.
Aimée des téléspectateurs, tant par son réalisme, que son humanité et son sens de l’humour, ce duo mère-fils avait quelque chose de vrai et manque aujourd’hui à l’écran. L’acteur Théo Bertrand, originaire du Vercors, qui endossait le rôle de Kévin avoue avoir eu du mal à ne pas être repris pour la suite de la série ; mais, celui qui avait joué enfant, dans « La guerre des boutons » aux côtés de Mathilde Seigner a d’autres talents ! En effet, Théo n’hésite pas à prendre le Mic’ pour cracher son flow, dans ses textes de rap ! Aussi, son esprit libre et sa soif de vivre l’ont entraîné dans une belle aventure personnelle, en bateau pour faire le tour monde avec une équipe où rime plaisir et entraide ; un voyage que l’on peut suivre sur sa page Facebook « Théo Ccupé ». Une belle revanche prise sur la vie par le comédien, que l’on ne peut qu’encourager, car il le mérite !
Un féminisme parfois un peu trop cliché !
La défense et le respect des droits des femmes ; évidemment on signe et on soutient sans faille ! Mais le féminisme à toutes les sauces pour le moindre sujet à la manière du « tous écolo », qui finit par tomber dans les clichés, on a du mal ! De plus, trop de féminisme pour tout, n’a rien de productif et détruit les vraies valeurs du féminisme acquises par le combat de femmes dans les années 70 en France ! À sa reprise, « Pus belle la vie » qui vise à évoquer les sujets du moment, n’a pas échappé à cette question. Et cela s’est vu… peut-être même, un peu trop vu. Si nous apprécions le nouveau lieu de la série, « Le pavillon des fleurs » tenu par Blanche et Louna qui aspire à accueillir les femmes en les aidant dans diverses problématiques, nous avons déjà moins aimé d’autres clins d’œil féministes, qui sont aussi dans l’air du temps. Dans les premiers épisodes, cela revenait trop souvent et manquait d’analyse, tel un féminisme démagogique où plusieurs femmes ne se reconnaissent pas. PBLV n’a pu s’empêcher de tomber dans des clichés, en évoquant « les menstruations des femmes« , « les conversations sur le plaisir féminin à travers les générations », « l’égalité des salaires », ou encore « l’accusation à tort, par la police d’un homme violent envers une femme » (l’intrigue a finalement démontré le contraire et la police a reconnu les faits, ce qui a été très appréciable).
Si ces thèmes se veulent libérateurs envers les femmes, il est quand même de bon ton de rappeler que nous sommes nombreuses à ne pas ressentir le besoin d’échanger sur nos règles et notre sexualité, qui sans aucun sentiment de honte, ne regarde que nous ! S’il est vrai que les inégalités salariales existent dans certaines entreprises, et que cela n’est en effet pas acceptable, beaucoup de femmes gagnent plus que certains hommes par leur poste à responsabilités, et de nombreux employeurs rémunèrent les hommes et les femmes à valeur égale. Les inégalités salariales entre les sexes ne sont pas systématiques et cela demande quelques nuances pour mieux comprendre le sujet. Car oui Messieurs, des femmes peuvent gagner plus que vous… La production de « Plus belle… » semble plus subtile dans son approche pour la liberté de la femme dans ses derniers épisodes ; les clichés sont moins présents dans les dialogues, ce qui permet de mieux faire passer le message universel sur l’importance de l’égalité entre tous, et ça, on aime !
Une série engagée, qui doit le rester !
La série provençale aux questions de société et rebondissements surréalistes nous réserve encore de nombreuses surprises, que nous découvrirons avec plaisir ! Le feuilleton Made in France aujourd’hui devenu culte était reconnu sur Francetélévision, comme une « série engagée ». En effet, elle ne manquait pas de défendre le Service public avec la représentation de : l’hôpital public dénonçant le manque de personnel ; la police, avec un commissariat surchargé parfois aux modestes moyens ; l’école avec le lycée Scotto et son augmentation de contractuels ou encore la mairie de Marseille. Comme, elle l’avait fait pour Johnny Hallyday ou Françoise Hardy, la série avait même réalisé un petit hommage à Jean-Claude Gaudin il y a quelques mois, lors de sa disparition. Si la production a souligné la mémoire de l’emblématique maire de Marseille encarté à droite, à l’inverse elle a aussi m’y en scène ses comédiens interprétants, « L’Internationale », lors d’une manifestation place du Mistral. Enfin, la sitcom sur France 3 était aussi une machine créatrice d’emplois entre les acteurs, les techniciens, les maquilleurs, les décorateurs et d’autres métiers liés au monde du spectacle. Souhaitons que tous ces engagements auxquels nous sommes sensibles et qui participent au succès du feuilleton continuent longtemps sur la première chaîne !
À la fois pour le fun, mais aussi pour le plaisir de revoir à l’image de nombreux visages qui ont quitté le plateau des studios de La Belle de Mai depuis longtemps, on vous offre le premier épisode de la série. Une façon de voir que « Plus belle la vie » a vraiment évolué au fil des saisons. On reconnaîtra quand même Blanche et Mirta toujours au générique en 2024 et l’éternel sourire généreux de Roland Marci.